Extrait du journal
blieistes philosophes qui, dédaigneuse despetites choses, aime mieux suivre la course de la civilisation que de surveiller la marche de l'administration, qui lient plus à la discussion des vérités de l'ordre social qu'à la révision d'un budget, aux théories qu'à la pratique. C'est un philantrope plutôt qu'un homme d'affaires et qu'un homme d'Etat. Il y a chez lui quelque chose du stoïcisme ancien; il est vertueux comme on l'était au Portique ; et voyant que la Chambre des Députés ne se réglait pas par les principes du Portique, il a fait ce qu'Epiciète conseille à son sage de faire à l'égard du monde : il s'est retiré. Celte école, disons-le à sa gloire éternelle , a fait la révolution française. C'est elle qui a fondé notre liberté: mais il eu est de la liberté comme de tout autre chose : elle se perfectionne en clian- • géant. Elle a ses phases diverses; elle se pousse tantôt dans un. sens, tantôt dans un autre. Hier elle tenait école de législation; aujourd'hui elle se livre àla pratique des affaires. De but, jamais elle n'en change ; de route, sans cesse et selon le besoin; de même les sciences changent de systèmes sans changer de nature. La liberté changeant ainsi, le parti populaire do-it changer aussi : sinon, il ne serait plus le parti de la liberté. De là les transformations qu'il a éprouvées depuis deux ans , et qu'il conti nuera d'éprouver pendant quelques années encore : car cette époque-ci est particulièrement une époque de transition, comme la Chambre des Députés est aussi une Chambre de transition. C'est là le caractère dominant de notre époque et de notre Chambre, et c'est là aussi , pour le dire en passant, ce qui fait nos incertitudes, nos hésitations , et nos perpétuelles vicissitudes de la force à la faibletse, et de la faiblesse à la force : vicissitudes inévitables par le temps qui court. • I.es transformations du parti populaire se sont faites de deux manières. Ou ses chefs ont changé d'idées , ou il a changé de chef. Voyez n effet ce qu'est devenue l'ancienne opposition de 1820, si vive, si agissante, si unie? Elle s'est divisée. Les uns devenus plus modérés eux-mêmes ont rallié à eux les hommes du parti mo déré ; et c'est là aujourd'hui qu'il faut chercher, dans la Chambre , les chefs du parti populaire. Les autres ont pensé qu'il n'y avait rien de changé ni dans les circonstances , ai dans les esprits; ils sont restés ce qu'ils étaient. Mais quelle a été leur attitude dans la Chambre? Quelle autorité a eu leur voix? Ils ont eu de leurs col lègues le respect et la bienveillance qu'ils leur devaient; mais nul poids , nulle force efficace. La Chambre a senti qu'ils étaient ses devanciers , et cette idée a fait en même temps qu'elle les a honorés et qu'elle ne les a pas toujours écoutés. Ils ont une grande considération personnelle ; mais ils n'ont plus celle puissance d'hommes de partis qu'ils avaient autrefois. Ce sont encore des généraux ; car c'est un titre qui ne se perd pas quand il a été noblement gagné sur le champ de bataille. Mais ils n'ont plus d'armée; elle sert aujourd'hui sous d'autres étendards. Tel est, j'ose le dire , l'état de l'ancienne Opposition. Une par lie est ailleurs; une autre partie n'est plus ; car c'est n'être plus que de n'être plus un parti; c'est n'être plus que d'avoir donné sa démission de la tribune long-temps avant d'avoir donné sa démis sion de la Chamhve. L'ancienne Opposition n'appartient plus au jourd'hui qu'à l'hisfoire; ses hommes vivent encore, les uns puis sans, nous avons dit pourquoi et comment. tous considérés ; mais le parti est mort, mort de la naissance du nouveau parti populaire sorti de son sein, mort àce point que , si M. Manuel vivait en core, ses idées auraient changé, et il serait an des chefs du nou- , veau parti, ou il donnerait sa démission comme MM. de Chauve lin et Voyer d'Argenson. Il y a pourtant un homme qui, à lui seul fait croire que l'an cienne Opposition vit encore ;' c'est M. Benjamin Constant. Son attitude et son maintien font illusion : On croit que le parti de. 1820 fait un corps et une armée. Approchez ! M. Constant est seul: Comme les autres, c'est un général sans troupe qui lui appartienne. Mais quand il parle , il trouve des soldats , il recrute à la tribune. Quand il y monte , il n'a personne encore sous ses drapeaux : quand il descend , il a une armée , mais ses soldats ne lui restent pas long-temps . demain ce sera à recommencer. A quoi lient cependant que M. Benjamin Constant, étant de l'ancienne Opposition, et en ayant gardé l'attitude, n'est pourtant ni muet ni inopportun, ni inefficace comme les restes de l'ancienne Opposition, qu'il n'a pas comme eux donné sa démission de la tribune , et qu'il ne donnera pas sa démission de la Chambre ? Cela tient, disons-le, à la'nature du talent de M. Constant. Doué d'une admirable souplesse d'esprit et d'Une singuliè e sa gacité de vue, il sait combien les circonstances et les esprits ont s changé depuis 1820. Aussi n'est-il pas resté je l'en défierais avec son genre d'esprit. Il a fait stiria livre où il montre que le sentiment religieux changé j à tour diverses formes sans jamais changer de if...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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