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Journal des débats politiques et littéraires, 24 mars 1830

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Journal des débats politiques et littéraires
24 mars 1830


Extrait du journal

PARIS , 23 mars. Afin de garder intact le sophisme à l'aide duquel il espe'rait surprendre le budget, le ministère s'est tenu sept mois dans une inaction Complète. Me refuser une majorité , disait-il, à moi qui n'ai rien fait, c'est attaquer le Roi qui m'a choisi. C'était là l'u nique argument du ministère , et il 1 estimait un milliard. La Chambre eii a proposé un autre : il faut avoir, a-t-elle dit, confiance en quelqu'un pour lui confier quelque chose. Après ce débat où personne n'a cédé, voyons qui a perdu, qui a gagné, qui a raison de s'avouer vaincu, ou de crier victoire. Qu'a perdu la Chambre ? Rien. Qu'a perdu le ministère? Trois choses : son temps, son budget et son argument ; nous ne comptons pas ses frais d éloquence. Le temps aurait dû sembler une chose précieuse [à ces hommes d'Etat,venus au secours delà monarchie , qui périssait, comme chacun sait. Cependant, afin. de s assurer le budget d une annee , ils ont employé sept mois à se maintenir dans l'inaction. Ils appe laient cela faire preuve de caractère. Gr, qui de douze ote sept, reste cinq. Pour gagner cinq mois ils en ont sacrifié sèpt. Et si la session, comme il eûtété possible, avait duré cinq mois, le ministère , obstiné à ne pas agir avant de s'être muni du budget, n'aurait pas gagné un feul jour sur son année. Il eut donc autant valu, pour lui, commencer à agir dès le 9 août. Malheureuse ment , cette réflexion , s'il l'a faite, lui est venue tard. Ainsi, premier point :le ministère a perdu son temps. Il n'en a pas moins perdu son budget. C'est là le second point, important aussi ; car, bien que nous ignorions ce que veut ou ce que peut ce ministère, nous avons lieu de présumer que ce sont des choses plus faciles à faire après avoir obtenu le budget qu avant, ou, des choses avant lesquelles le budget est plus facile à obtenir qu'après. Autrement, pourquoi un repos si tenace? Pourquoi ne pas aller. par des actes, au devant de l'opinion ? La France vaut ■ bien qu'on la rassure quand elle est alarmée. Au lieu de crier : Je n'ai rien fait, cédez-moi tout, parce que je n'ai rien fait, il eût été plus séant et plus profitable de dire : J'ai fait du bien ; je n'aj. fait que du bien : mettez-moi à même d'en faire encore. •Quoi qu'il en soit, il est .aujourd'hui un peu tard pour le bien, et même pour le mal, et le ministère n a pas su éviter 1 em barras qu'il avait prévu. ; Pourtant, ce qu'il regrettera le plus, ce n'estni son temps, ni son argent, qui sont aussi un peu les nôtres : cest son argument j son invincible argument, qui lui a tant coûte et si peu servi, et qui , pour comble d'infortune, séra hors d'dsage àla session pro chaine. * ; _ ,t ' . .. • Ceci mérite une attention serieuse. Ces hommes avaient voulu , à l'aide d'un sophisme, égarer la conscience des honnêtes gens , émouvoir les scrupules du Monarque sur 1 intégrité des droits de •la Couronne, inquiéter la loyauté des Chambres., mettre en guerre la prérogative royale et les devoirs parlementaires, jûa Mais aujourd'hui ils pourraient difficilement continuer à se tenir immobiles. La faction qtli les pousse est aussi impatiente que nous de les -voir à l'œuvre j les yoilà contraints de faire sans le budget ce qu'ils comptaient faire ayee le budget, et la responsabilité à laquelle ils avaient voulu se dérober, commence ; elle pèsera bientôt spr leurs têtes. Devant la Chambre nouvelle on ne pourra plus se vanter de n'avoir rien fait ; il faudra rendre compte de ce qu'on aura fait. Les déclamations sur la prérogative, les arguties sur le droit des Ohambr.es ne seront plus de saison. Ce n est plus seulement de bonnes ou de manvàises-renommées qu'il sera ques tion , mais d'oeuvres bonnes où mauvaises. Les ministres pourront ■entendre parler à la fois d'une. Adresse et dûn acte d accusation. C'est pourquoi nous pensons qu'un air de triomphe convient Îieu à des gens qui, jouant contre une simple Adresse , ont trouvé e moyen de perdre tout à la fois un an, le budget et leur argu ment. ' . , Mais ce qu'il y a de vraiment habile dans leur conduite , c est qu'ils ont su persuader aux bonnes aines du parti que trois défaites composaient une victoire. Ceci est un avantage réel, incontes table. En le ménageant bien, le ministère pourra le gardèr huit jours encore. . Quant à nous, qui, depuis le 8 août, faisons la garde pour le...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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