Extrait du journal

La Chambre n'est pas pressée de savoir ce que pense et projette le gouvernement en matière extérieure, et notamment sur la ques tion d'Espagne. Le Sénat est probablement plus soucieux de son devoir, car l'entretien1 de M. Henry Bérenger, président de la com mission des affaires étrangères, avec M. PaulBoncour, n'a pas porté probablement sur le siège de Sagonte par Annibal ou celui de Lérida par Condé. Il est absolument nécessaire d'imposer au gouvernement, s'il est tenté de s'en départir, une attitude ferme et incontestable de non intervention, aussi ferme et incontestable que celle dont entend s'inspirer le gouvernement anglais. Trop de démarches imprudentes, de palabres avec des personnalités brouillonnes et dangereuses, ont lieu chaque jour. On voit encore ce matin la C. G. T. répéter le non sens quotidien que « le salut de la Répu blique espagnole conditionne présentement la sécurité de la France ». Il ne suffit pas qu'un raisonnement soit absurde pour n'avoir pas d'écho. C'est plutôt le contraire qui se pro duit quand on s'adresse à une opinion rendue, stupide par des doses quotidiennes de stupé fiants. Un régime démocratique suppose une démocratie éclairée, ou pour le moins capable de réfléchir. Qui oserait dire que nous en soyons à ce degré de culture civique ? Qui oserait le dire surtout de la minorité bruyante et tapageuse qui mène la masse des braves gens ? \ Même le ministre de la défense nationale, qui sait évidemment de quoi il retourne et qui n'a pas l'idée saugrenue qu'une guerre sur les Pyrénées nous garantirait la paix sur les autres frontières, n'a pas essayé de ré pondre aux questions précises et pressantes de M. Louis Marin, ou de M. des Isnards. « Officiellement ou officieusement, deman dait M. Marin, intervient-on ou n'inter vient-on pas en Espagne ? » L'interrogation était claire, elle est restée sans réponse, ce qui est pour le moins très équivoque. « Un grand débat aurait plus d'inconvénients que d'avantages », a dit M. Daladier, en se rai-...