Extrait du journal

Les séances de la commission chargée d'éxaminerles différons projets de révision, y compris celui du gouvernement, offrent en ce moment un réel intérêt. On y trouve comme un avant-goût des débats auxquels nous assisterions s'il le rencontrait à la Chambre et au Sénat une majorité pour suivre M. Floquet dans sa croisade contre les institutions actuelles. 11 est difficile d'imaginer une plus grande confusion d'idées, une anarchie intellectuelle plus complète que celle qui existe chez les par tisans de la revision ; et, dès à présent, il est évident qu'il est plus aisé de s'entendre sur le mot que sur la chose. Les révisionnistes de Droite sont certai nement les moins embarrassés pour le quart d'heure. Ils n'ont qu'à profiter de l'occasion qui leur a été sottement offerte. Leur but étant actuellement d'arriver à une solution négative, à une destruction pure et simple de ce qui est, sans qu'il soit question pour le moment de prévoir ce qui sera, c'est une bonne fortune pour eux de pouvoir se livrer à une agitation inconsti tutionnelle sans objet précis et ébranler la Constitution avec le concours bénévole d'excellens républicains et de radicaux authentiques. Seulement, si, au lieu de se bornera ré clamer la revision, une Constituante ou un plébiscite, il leur arrive de sortir de ces abstractions et de laisser entrevoir ce qu'ils entendent par là, on s'aperçoit bien vite qu'ils ont sur ces sujets des façons de penser fort différentes, à moins qu'ils n'en aient point du tout. La discussion qui a eu lieu dans une des dernières séances de la commission est, à cet égard, très instructive. On en était venu, au cours de l'entretien, à envisager l'hypothèse d'un plébiscite. Des membres de la commission avaient eu la curiosité de savoir comment on s'y pren drait pour interroger le peuple souverain et pour recueillir l'expression fidèle de sa volonté. Quelles questions lui seraient po sées? Se bornerait-on à soumettre au suf frage universel une liste de noms propres entre lesquels il aurait «à choisir? Mais qui donc arrêterait cette liste et qui la déclarerait close? Parmi les noms même le plus en évidence il en est auxquels il serait difficile d'attacher, un sens précis au point de vue de la future Constitution de la France. Si l'on ne volait pas sur des noms propres, il faudrait donc voter sur des principes, sur un choix de régimes définis dans des formules aussi claires que concises.lci, encore, l'embarras serait grand, et l'on a pu voir que, dans le sein même de la commission actuelle, les représentans des divers partis en présence éprou vaient une réelle difficulté à donner...