PRÉCÉDENT

Journal des débats politiques et littéraires, 24 octobre 1907

SUIVANT

URL invalide

Journal des débats politiques et littéraires
24 octobre 1907


Extrait du journal

séduction dont ils sont l'objet. Nous ne parlons même pas de procédés d'intimidation. Les professeurs de la Sorbonne n'ont rien à craindre, et ceux des lycées n'ont pas assez mauvaise opinion de leurs supérieurs hiérarchiques, sortis de leurs rangs, pour les croire capables de commettre une injustice afin de venger l'échec d'un cancre au baccalauréat. En l'espèce, l'in dépendance du jury s'est attestée de la manière la plus évidente puisque le candidat si bien appuyé n'en a pas moins été blackboulé. Mais, ceci dit, .il n'en reste pas moins vrai que cette pratique des recommandations est déplorable et que les' grands chefs de l'Université seraient bien inspirés de n'en pas donner le mauvais exemple. La recommandation n'a même plus l'ombre d'un pré texte depuis l'institution du livret scolaire. Théori quement elle a pour raison d'être d'appeler l'atten tion de l'examinateur sur telle ou telle particularité qui pourrait lui échapper et qui est de nature à éclairer son verdict. Mais le rôle du livret est précisément do donner ces informations au jury, et il les donne avec plus d'autorité, de compétence et d'exactitude puisqu'il •émane de ceux mêmes qui; ont vu le candidat à l'œuvre dans le-cours de toute l'année scolaire et même au cours des années précédentes. Il se peut que le livret soit trop indulgent ; c'est même ce qui arrive néces sairement ; mais il est sans exemple qu'une lettre de recommandation se soit proposé pour but do réagir contre cette excessive indulgence. Dans ces condi tions, la lettre de recommandation est présentement sans prétexte et sans excuse. Si celui qui l'écrit croyait réellement qu'elle est appelée à modifier le résultat régulier de l'examen, il ferait injure à celui qui la re çoit. Tel n'est pas son dessein. C'est donc une habi tude absurde à laquelle bien des gens se soumettent comme à une formalité mondaine, tout en la déplo rant. Le meilleur moyen .d'y couper court serait de tenir secrets les noms des examinateurs. Rien de plus fa cile, et la Faculté des Sciences a parfaitement résolu le problème. Chaque examinateur est simplement avisé des jours et heures où il aura à siéger, et de la série qu'il aura à faire passer. Il ne sait même pas les noms de ses collègues de jury. Dans ces conditions il faut se livrer à un teL travail de recherches pour éta blir la composition d'un jury donné, que les plus acharnés collectionneurs de recommandations se dé couragent. On a l'imprudence à la Faculté des Lettres de remettre à chaque examinateur le tableau entier de la session avec la composition quotidienne des jurys. Ce document « confidentiel » tiré à quelques centaines d'exemplaires, provoque la recommanda tion. Un peu de discrétion épargnerait aux uns la cor vée d'écrire des recommandations et aux autres l'en nui de les recevoir. Et certains candidats reçus n'au raient pas l'idée fâcheuse qu'ils ont été admis par l'excellence de leurs protecteurs plus que par le mé rite de leurs compositions, ce dont quelques-uns font une question d'amour-propre, car le snobisme veut qu'il soit plus chic d'arriver par la faveur que par le travail. A. A.-P....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • alapetite
  • jardy
  • clemenceau
  • halna
  • ililer
  • spielhagen
  • danlos
  • gastou
  • skinner
  • béclère
  • casablanca
  • maroc
  • france
  • tanger
  • alsace-lorraine
  • ea
  • leipzig
  • lyautey
  • vay
  • nancy
  • parti radical
  • mouvement socialiste
  • sorbonne
  • faculté des lettres
  • faculté des sciences
  • comice agricole
  • académie de méde
  • mil