Extrait du journal

Il y a là une équivoque. L'éducation technique et l'habileté professionnelle de la plupart des employés de chemins de fer n'est pas supérieure à celle des autres salariés de l'indus trie, du commerce. ou de l'agriculture. La valeur et la puissance économique do leur activité ne dé pendent pas de la qualité de leur travail, mais de la qualité exceptionnelle de l'instrument dont ils se servent, c'est-à-dire de l'organisme de la voie ferrée et de la traction. C'est le CAPITAL représenté par la ligne et par les instruments de transport qui possède la puissànce.et la productivité que le chemi not confond avec la sienne. Ce. n'est pas davantage à l'utilité et à la valeur so ciale du chemin de fer et de la locomotive que l'on doit mesurer la rémunération du travailleur manuel remployé sur nos réseau*. Cette rémunération • comme toutes les autres ne peut être fixée que par ■une comparaison avec le prix des autres services analogues, et elle ne peut être précisée, à chaque moment, que par la concurrence. Si la prétendue rapacité des actionnaires refusait aux travailleurs de nos réseaux un salaire légitime équivalent à celui qu'ils recevraient dans toute autre industrie, la grève serait parfaitement inutile. Les gares et Tes chantiers, lentement et successivement désertés par des ouvriers de toutes catégories, ne se raient peuplés et desservis de nouveau qu'à la con dition de hausser les salaires et d'améliorer les si tuations des travailleurs manuels en les égalant aux situations et aux salaires obtenus dans les autres professions. Rien de pareil ne s'est produit depuis dix ans ; rien de pareil ne peut être observé à celte heure. Au nom de quel sophisme social viendrait-on dès lors imposer aux Compagnies et à l'Etat lui-môme, c'est-à-dire à tous les contribuables, un sacrifice que l'égalité des avantages et des salaires ne paraît pas comporter ? Les candidats aux fonctions et aux places dans le 3 chemins de fer sont-ils devenus si rares qu'il faille, pour les attirer, élever soudain plus haut la rémunération dont ils se contentaient jusqu'ici ? Et s'il n'en est pas ainsi, si les candidats sont nombreux, si les allocations de toute nature qui s'ajoutent dès à présent à leur salaire constituent plutôt un privilège, au nom de quelle conception de « justice sociale » prôtendraient-ils imposer, par la violence et à leur profit seul, des conditions de travail refusées par la concurrence aux autres catégories de salariés? D. Zolla....