Extrait du journal

Il y a dans la situation politique préSente deux éléments très, différents et d'im portance très inégale.. Il y a une intrigue. 11 y. a un problème financier. , L intrigue nous intéresserait peu si elle n était fatalement destinée, dans des temps difficiles, à précipiter les événements et à nous lancer dans les aventures. Elle est de sa nature extra-parlementaire autant que parlementaire. Les politiciens, même adversaires déterminés de la société, se servent des incidents de la société bour geoise avec un empressement très remar quable. C est M. .Caillaux qui est visé par une coalition. Nous en parlons d'autant plus librement que M: Caillaux est un des hommes politiques que nous avons le plus combattus dans le passé. Il nous souvient d un temps où nous critiquions sévèrement sa politique et où, parmi ses apologistes les plus tenaces; figuraient quelques-uns de ses adversaires d'aujourd'hui. A la veille de la rentrée des Chambres, c'est contre M. Caillaux personnellement que se con centrent les efforts: les uns songent à atteindre le ministre des finances lui même, les autres calculent qu'ainsi ils atteindront tout le ministère. Ce n'est pas à ces combinaisons d'inté rêts et d ambitions que nous songeons. C'est aux finances de la France. M.'Cail laux doit présenter un projet. Qu'il le pré sente donc, qu'il le présente énergique ment, et on jugera. Dans la période où nous sommes, aucun ministre des finances n'est en état de fournir un plan qui plaise. Tous les programmes qui réclament des efforts, qui obligent à un 'régime sévère, qui révèlent des réalités amères sont voués à être mal accueillis. Nous ne connaissons pas celui de M. Caillaux. Mais une démo cratie parlementaire qui s'impatiente, qui ne sait pas discerner les maux et qui croit puérilement changer les circonstances en changeant brusquement les hommes, donne des marques de nervosité et d'incapacité. Tout un parti est allé chercher exprès 'M-. Caillaux à Màmers. Nous ne sommes pas de ceux qui ont fait le voyage. Nous sommes de ceux qui attendons, pour les juger, les propositions du ministre. La vérité brutale, c'est que tout plan financier efficace suppose présentement une politique générale, et que le Parle ment est impuissant à adopter cette poli tique. On attend un miracle, qui est im possible. On vit à la poursuite d'une for mule magique, laquelle n'existe pas; On ne veut pas avouer ce qui est et on pré fère la recherche de l'absolu. A la faveur de ces dispositions d'esprit, tous les dé molisseurs de la société, tous les intrigants et tous les révolutionnaires ont beau jeu. Mais ils nous mènent peut-être aux catas trophes. Le bon sens serait de proclamer que notre situation financière n'est pas désespérée, qu'elle peut être rétablie par un travail patient et sans génie, mais qu'elle exige la continuité, l'union, la con fiance. Or, jamais un Parlement dominé par l'esprit cartelliste ne fera des aveux aussi raisonnables. C'est le danger qui nous menace le plus. Personne ne pourra améliorer notre situation en un jour ni en un mois. Mais un bon comptable suffirait à l'améliorer, s'il pouvait travailler quel ques mois et s'il n'y avait pas le Cartel. Les conciliabules paraissent se poursui vre entre le ministre des finances et ses collègues. Nous ne savons pas sur quoi ils portent. Mais nous savons bien que,, s'ils ont pour objet de doser les satisfac tions données aux groupes, de: scruter par avance dans quelle mesure ils sont ou...