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Journal des débats politiques et littéraires, 25 décembre 1928

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Journal des débats politiques et littéraires
25 décembre 1928


Extrait du journal

Lorsque la révolte éclata, Eustache s'empressa de cacher en lieu sûr M. Belin, Mais le commissaire Sonthonax, qui ve nait de proclamer la liberté générale, en joignit à M. Belin, maire du Limbé, de mettre, sans retard, à la disposition du général Lasalle et de sa femme, qui se rendaient au Cap, une voiture et des che vaux. Comment faire? Pour ne pas obliger son maître à quitter sa retraite, Eustache, après avoir excusé son absence, le. rem place, répond à la réquisition et conduit lui-même le général Lasalle et sa femme. 11 est vivement félicité et en s'en revënanf il sauve toute une famille poursuivie qui s'enfuyait. Mais la sécurité de M. Belin est pré caire ; ce sont, chaque jour, de nouvelles alarmes. Eustache s'entend avec le capi taine d'un bateau de commerce américain qui vient de mouiller près de l'embarca dère du Limbé. Seul, dans la nuit, le sou tenant ou le portant, il conduit son maître à bord. Hélas! comment subsistera-t-il,' il est dans le plus complet dénûment ? Eus tache retourne à l'habitation, réunit une partie des travailleurs, les persuade, leur fait apporter au bateau» chacun un pain de sucre de soixante livres. Ayant ainsi pourvu à la subsistance future de M. Be lin, il s'embarque avec lui. Mais ses malheurs ne sont pas terminés. Le bateau est bientôt capturé par un corsaire an glais. Eustache, aussi rusé que bon, cuisi nier consommé, parvient à se concilier les bonnes grâces du corsaire. II capte sa confiance. Et un jour qu'il l'a fait manger et boire plus qu'à son ordinaire, aidé du capitaine américain et d'un passager, aux quels il a soufflé son courage et sa foi, il s'empare de l'Anglais, désarme ses gens et conduit à Baltimore le navire avec ses prisonniers. 11 n'a pas besoin de venir en aide à son maître, à qui la vente de ses pains de sucre permet de vivre honorable ment. Grâce à un petit commerce que son intelligente activité lui permet de faire prospérer, il secourt les autres réfugiés. « Quand Toussaint-Louvepture, devenu chef suprême de Saint-Domingue, nous apprend le chroniqueur, y appela les an ciens" propriétaires, en leur garantissant leur sûreté, Eustache et son maître furent de ceux qui se confièrent dans ses pro messes. Bientôt M. Belin fut remis en possession de sa sucrerie et il y vivait paisiblement, lorsque l'expédition du gé néral Leclerc vint détruire l'ouvrage de Toussaint, remettre aux mains des nègres la torche et le poignard et consommer la ruine de la Colonie. » Eustache, afin de pouvoir faire la lec ture pour M. Belin, dont la vue s'affai blissait, avait appris à lire à ses propres frais. Lors des désastres qui suivirent le débarquement de Leclerc, il eut l'occasion de sauver encore une fois la vie de son maître. Peu après, celui-ci mourut, l'ayant institué son légataire universel. Avoir un peu d'argent, c'était pour Eustache l'occasion et le moyen de faire...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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