Extrait du journal
A l'Hôtel de Ville, on commence à se métier des bataillons scolaires. Déjà, paraît-il, le prétorien percerait sous la vareuse de l'ado lescent. De l'esprit militaire, ces jeunes guer riers n'auraient pris que la « langue et les habitudes de caserne », si on en croit un conseiller municipal qu'on ne saurait soupçonner de complicité avec la réaction. Un autre a reconnu que ce qui domine chez eux « c'est le côté parade ». M. Joffrin, lui même, sent faiblir son enthousiasme pour cette institution qu'il a tant contribué à créer. C'est avec douleur qu'il a constaté qu'elle n'avait donné que d'assez piètres résultats. Non pas qu'il en réclame la suppression ; une réforme radicale lui suffirait. Il fau drait, d'abord, que l'éducation militaire des bataillons fût confiée à « l'élément civil » et encore à l'élément civil fortement imprégné de républicanisme. Avec les officiers-instruc teurs, sortant de l'armée, on ne sait jamais à quoi s'en tenir. On a beau les trier sur le volet, scruter leurs antécédens, surveiller leurs relations, leurs sentimens républicains sont toujours sujets à caution. Qui nous dit, par exemple, que ces militaires, sous prétexte d'initier les petits Parisiens au maniement du fusil Gras, n'insinuent pas dans ces âmes candides le virus réactionnaire et le goût des coups d'Etat? En résumé, les bataillons scolaires ont été terriblement malmenés. L'orage a éclaté à propos d'une modeste demande de crédit. La commission proposait de porter de 24 à 25 le nombre des chefs de bataillons scolaires. Cet officier supplémentaire aurait eu pour mission de donner de l'unité au coni mandementdes bataillons. Le programme était un peu vague. Mais, sous ce vague très voulu, le Conseil, toujours très méfiant, a compris qu'il ne s'agissait de rien moins que de créer un colonel. Il ne se trompait pas. Il a compris, avec non moins de perspicacité qu'un colonel sans général n'avait pas de raison d'être et qu'un général de brigade appelle nécessaire ment un divisionnaire. Cette invasion do mili taires, fussent-ils « à roulottes », comme l'a dé claré un conseiller municipal, adonné à penser à nos édiles qui, de plus en plus, trouvent que l'élément civil a du bon. Prudemment, ils ont fermé la porte au colonel et à l'état-majôr qu'il aurait pu introduire subrepticement dans la place. C'est un rude coup porté au prestige de l'armée municipale. Serait-il vrai, que « cette institution suivra sa destinée et disparaîtra bientôt par la force des choses »?...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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