Extrait du journal
, Je ne sais point, dit M. Decalandre, si vous usez encore de bougies, par ce siècle où les verres de lampe n'ont plus aucune ouverture, alors qu'ils nous mon traient jadis la forme d'un tuyau, d'où notre vieil oncle Philippe, aux soirs de pluie, se plaisait, derrière le rideau de la fenêtre, à faire jaillir le rugissement des lions, pour l'heureux épouvantement de notre enfance. Ces saisons maintenant me semblent si lointaines que je ne serais pas très éloigné de soutenir qu'.aux prai ries mouillées qui entouraient la maison nette, on voyait passer quelquefois, dans la vague lueur de la lune, le dernier ichtyo saure, qui, tristement, regagnait les eaux incertaines, en rêvant à sa race perdue. Mon oncle, du moins, me le disait et peut être en souriant, tandis que, devant le grand feu de la cuisine campagnarde, nous attendions l'heure du dîner, en regardant parfois un malheureux lièvre tout nu, qui ne cessait point de tourner sur lui-même et qui répandait à la flamme une si heu reuse odeur, que je ne parvenais point, encore que j'y fisse de grands efforts, à m'attacher à des visions de l'enfer où j'eusse trouvé pourtant je ne sais quelles délices pleines d'effroi. De temps en temps, la chandelle de résine dont nous étions éclairés et qui avait l'air, posée sur l'un des deux grands chenets, d'un morceau d'ambre sombre, pétillait et nous lançait sur les doigts de brûlantes gouttelettes, qui inquiétaient fort le chat jaune et noir, quand il en recevait quelqu'une sur l'oreille. Il se levait promptement, secouait sa tête et nous regardait, comme pour nous prendre à témoins de sa mystérieuse in fortune. » Je n'ai plus de chandelle de résine ! Mon oncle Philippe a quitté la maison nette et ces vallons, pour vivre au hameau éternel dont parlait Jammes, et le chat, à qui je faisais des sabots avec des coquilles...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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