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Journal des débats politiques et littéraires, 25 janvier 1874

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Journal des débats politiques et littéraires
25 janvier 1874


Extrait du journal

SAMEDI 24 JANVIER En appréciant hier la circulaire adressée aux préfets par M. de Broglie, en vue de l'exécution de la loi sur les maires, nous exprimions quelque doute sur l'assenti ment que lui donneraient les légitimistes, ou tout au moins les plus ardens et les plus impatiens d'entre eux. L'article que nous lisons aujourd'hui dans l'Union justifie noire sentiment. La feuille royaliste n'est pas désarmée par les habiletés de langage de M. de Broglie : elle persiste à trouver la loi du 20 janvier dangereuse et inefficace. A l'en croire, l'expérience ne tardera pas à démontrer que l'ordre social ne peut être sauvé par un régime qui est con damné à s'appuyer sur des mesures trans itoires et des lois d'exception. Ce qui préoccupe surtout l'Union et lui cause une vive inquiétude, c'est l'interprétation très nette et très catégorique donnée par M. le vice-président du conseil à la loi du 20 no vembre qui a créé le septennat. La circu laire dit que le gouvernement ne veut avoir pour agens parmi les maires comme parmi les préfets que des hommes dé cidés à respecter l'autorité de l'Assemblée souveraine, et particulièrement la dernière et la plus haute de ses résolutions, c'est-à-dire la loi de prorogation. Si M. de Broglie s'é tait encore contenté de cette recomman dation générale et banale, on aurait pu au besoin s'abstenir de toute critique. Mais il a été plus loin dans sa circulaire : il a pris la liberté de définir la signification et là portée qu'il donnait à cette loi : il a osé dire que le pouvoir remis au maréchal Mac-Mahon devait être, dès à présent, et pour toute la durée que la loi lui assigne, élevé au-dessus de toute contestation. L'Union n'admet pas ce com mentaire : elle le trouve fallacieux, men songer et, pour tout dire en un mot, en taché de trahison. Elle invoque la foi ju rée : elle rappelle qu'en adhérant à la loi du 20 novembre, ou plutôt en s'y résignant, la droite légitimiste n'a pas cru faire abandon de ses espérances, ni abdiquer le droit de travailler légalement au rétablissement de la monarchie, au moins jusqu'au vote des lois constitutionnelles; car l'Union consent à faire cette réserve, espérant sans doute que le vote de ces lois pourra être renvoyé aux calendes grecques. A ses yeux, la loi de prorogation n'a de valeur que pour la forme; tout est perdu si on la prend au sérieux, comme semble le faire la circulaire du 23 janvier. Le commen taire qu'en donne M. de Broglie est, dit elle , en contradiction formelle avec les déclarations faites au nom de la droite dans la lettre de M. de la Rochette, qui a pour l'Union la force d'un contrat et énonce les conditions de l'alliance de l'ex trême droite avec les autres groupes du parti conservateur. En parlant ainsi qu'il vient de le faire, M. le vice-président du conseil a brisé le pacte du 20 no vembre, comme M. Thiers n'a cessé de trahir la parole donnée à Bordeaux. Tel est le raisonnement du journal légitimiste, tels sont, en substance, sinon dans les termes, les reproches qu'il adresse au vice-prési dent du conseil. Cette nouvelle manifes tation des ressentimens du parti légitimiste n'est pas de nature à fortifier la majorité, déjà si fortement ébranlée. M. Gladstone vient de prendre une grave résolution.. Virement ému des vic toires du parti conservateur dans plu sieurs élections récentes et ne se sentant plus appuyé aussi fortement dans le Parle ment par le parti libéral, le premier ministre en appelle au jugement du pays. Mardi pro chain doit paraître la proclamation royale qui dissoudra le Parlement actuel, et comme la période électorale est de trente cinq jours, on pense que le nouveau...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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