Extrait du journal
Mon amie Simone qui est, dans sa non chalance et sa grâce, le type même de la Parisienne de nos jours, est venue me voir. ,Elle est entrée dans mon cabinet de tra vail avec le sans-gêne qui la caractérise et dont elle se pare comme d'une vertu. Elle m'a surprise terminant un ouvrage à l'aiguille. Elle eut un bel éclat de rire. Je sermonnai gentiment l'insolente et la priai" de regarder d'abord le travail qui venait de provoquer sa gaîté spontanée. Elle se pencha, considéra l'ouvrage d'un œil distrait. « Bien, dit-elle, puisque c'est là votre violon d'lngres, n'en parlons plus. Je consens même à avouer que vous cou sez comme Jenny l'ouvrière, brodez comme une fée et êtes modeste comme.:. » Elle chercha un nom et ne le trouva pas. Je posai, un peu déconcertée, ma bro derie et mon dé sur Une petite table à ouvrage, laquelle doit bien venir de quelque Pénélope de famille, non sans lui glisser un tendre regard. Je me disposai alors à écouter Simone, à la suivre dans une de ces" conversations A bâtons rompus dont elle a le secret. Nous allions sans doute rire ensemble de quelques-unes de ses bonnes amies ou nous amuser une fois encore, puérilement, de l'accoutrement de telle gouvernante étrangère qui, amourèuse du fils de la maison, ne sait comment se faire remarquer de lui ; enfin, nous serions moins méchantes que moqueuses. Mais Simone se taisait. Elle alla vers la table à ouvrage, regarda avec quelque curiosité les bobines, de fil, les étuis. Il y avait là des fils aux douces couleurs, les bobines roses du « fil à bâtir », les blancs bleutés du fil d'Alsace, le blanc glacé des fils à boutons, les, cotons pourpres pour les mar ques ordinaires, et celui qui est blanc et' soyeux et se prête à broder les initiales des épousées, entrelacées comme des cœurs énamourés. - =Simone, par contenance sans doute, prit mon dé et constata qu'il était trop" petit pour elle. Alors, dépliée, elle le remit en place, mais bien vite et d'une voix à qui déjà elle donnait l'accent du triomphe, elle lança : « Le sport ! Vous comprenez ! » £. A quoi servirait-il;de se dire meilleure que né le veut la vérité? Amusée d'avoir été surprise en « mal de couture », je me fâ iChai réellement tout à coup ; cet accent victorieux de Simone qui masquait avec...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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