Extrait du journal
PARIS, 24 SEPTEMBRE. A l'occasion de l'anniversaire des évé nemens malheureux du 22 septembre, le gouvernement italien vient de donner un exemple de modération, d'habileté et d'em pire sur soi-même qu'il ne faut point laisser passer inaperçu. La circonstance était critique, l'altitude qu'avait résolu de prendre et qu'a gardée le gouvernement italien était peu ordinaire, et l'événement n'a point trempé ses calculs. Après une année de deuil, Turin regrette encore aussi vivement que le premier jour la présence de Victor-Emmanuel et son titre de métropole. Il était inévitable que le parti de l'action et les mécontens de toute sorte cherchassent à exploiter chez les Turinois le double sentiment de l'orgueil et de l'af fection froissée pour susciter des troubles dans l'ancienne capitale du Piémont. L'anniversaire du 22 septembre, l'idée tout à coup répandue dans la population turi noise de rertdye un hommage solennel aux citoyens tués' dans celte journée par la troupe, l'ordre même de la cérémonie projetée, semblaient fournir une occasion favorable à tous les adversaires déclarés ou secrets du cabinet de Florence. Les as sociations ouvrières avec leurs drapeaux voilés de crêpes, les membres des divers comités politiques, un grand nombre d'ha bitans paisibles, mus les uns par un esprit de patriotisme municipal, les autres par leur désir de prendre leur part d'une sorte de spectacle public, devaient se rendre en pompe à la cathédrale pour y assister à un service funèbre et s'en aller ensuite dé poser des couronnes sur les tombeaux des victimes. C'est là le cérémonial de rigueur qui précède les révolutions accomplies dans la rue et par la rue ; c'est le prologue d'où l'on tire aisément la tragédie, pourvu que les pouvoirs publics s'y prêtent. 11 était facile et loisible au gouvernement italien de s'irriter des préparatifs de cette solennité à double fin ; car, d'une part, avec toute la bonne volonté du monde, il ne pouvait croire que la procession de Turin dût se faire à sa gloire ; d'autre part, il ne man que, pas plus en Italie qu'ailleurs, de lois qui défendent aux citoyens de s'attrouper, et qui confient à la police le soin de protéger la circulation sur la voie publique. Pla carder su if,, tous les murs une ordonnance qui interdirait la procession ; faire dé fense au clergé de célébrer le service fu nèbre, si ce n'est eij présence d'un petit nombre de personnes sévèrement choisies ; assembler sur les places et carrefours une dizaine de mille hommes, sac au dos, cartouches dans la giberne et mèche al lumée, c'était son droit; c'est d'ordi naire, en pareil cas, la plus pressante tentation des dépositaires de l'autorité su prême. Si les ministres du roi VictorEmmanuel avaient eu recours à ces pro cédés classiques, le reste eût suivi immé diatement, selon toutes les règles de l'art, telles qu'Aristote a" dû les exposer en sa Politique, chapitre des Emeutes. Une des trois choses ci-après fût arrivée : ou les soldats eussent chargé vigoureusement une foule prise de terreur panique, ou la ville, se levant tout entière, eût accablé les soldats sous le nombre, ou bien encore les corporations, précédées de leurs ban-...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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