Extrait du journal

11. La question de la défense • antiaérienne Dans un précédent article, nous avons montré que tout avait été prévu dans les plans du cuirassé pour résister au choc des bombes de l'aviation (ponts cuirassés hori zontaux, qui atteignent, sur le Dunkerque, une épaisseur totale de 177 m/m, gabarit des ponts en dos d'âne, compartimentage cellulaire, etc.). Mais, chose assez curieuse, ces précautions n'ont pas été prises seule ment contre l'aviation, mais contre l'artil lerie tirant sous un angle élevé, dont les effets destructeurs et la précision sont, à notre avis, plus efficaces que ceux provenant de l'aéronautique, comme nous l'avons démontré dans l'article précité. Par contre, avons-nous dit, la menace aérienne a révolutionné les plans de défense antiaérienne. Tout d'abord, sur tous les bâtiments de guerre, on construit, mainte nant, des canons qui servent à deux objec tifs : la défense contre le petit navire de surface et l'avion. Il a suffi pour cela de modifier l'angle de tir des pièces, qui peuvent aussi bien tirer de plein fouet, contre un torpilleur ou une vedette attaquant à toute vitesse à la torpille, que verticalement, pour atteindre l'avion bombardier relaxant ses bombes en altitude ou chargeant en piqué. En second lieu, on a augmenté la portée des pièces pour tirer sur les cibles aériennes, afin d'obliger les appareils à plafonner à une hauteur où le but devient de plus en plus imprécis. Le but poursuivi par la défense antiaérienne étant atteint, soit qu'elle détruise réellement les appareils qui se rapprochent du bâtiment pour relaxer leurs bombes, soit qu'elle éloigne leur menace dans le ciel. Il est bien évident que le but présenté par un cuirassé de 300 mètres de long et 35 mètres de large est à peu près inaccessible aux bombardiers plafonnant à plus de 3.000 mètres, étant donné, d'autre part, que le cuirassé est mobile et qu'il suit à près de 30 nœuds (55 kilomètres), une route en zig-zag absolument inconnue de l'avion....