Extrait du journal

Deux propositions vont se trouver en présence à l'Assemblée Nationale : l'une a pour objet de renvoyer l'Assemblée aux champs pendant cinq mois, l'autre de la dissoudre et de convoquer une Chambre nouvelle. Ces deux propositions provien nent d'un même sentiment : le sentiment de l'impuissance profonde de l'Assemblée actuelle. Tout le monde comprend au jourd'hui cette impuissance, et le gou vernement lui-même semble enfin s'en être rendu compte pendant la nuit der nière, tant il est vrai que la nuit porte conseil. Nous avons lu hier, affiché sur tous les murs de Paris, le discours que M. le général de Gissey a prononcé à la séance de jeudi ; nous avions lu, il y a quelques jours, les déclarations de M. de Fourlou à la commission des lois constitution nelles; nous avions lu aussi, peu de jours auparavant, le Message de M. le Président de la république. La même pensée remplit ces discours, déclarations ou Messages : Le gouvernement dépérit faute de constitu tion, il n'y a pas une minute à perdre, il faut constituer. Il faut constituer en effet, chacun l'a dit à son tour et chacun le ré pète : par malheur, l'Assemblée Nationale est incapable de rien constituer. Que faire ? La réponse est sur toutes les lèvres : con sulter les électeurs, leur demander quelle est la forme de, gouvernement qu'ils préfèrent, puisque l'Assemblée ne le sait pas. Eh bien ! allons-nous-en, dit la gauche. Vous avez raison, répond la droite, et, cette fois, par hasard, nous voilà d'accord : allons-nous-en. Dissolution ! Non pas, s'il vous plaît ! allons en vacances. Qu'est-il besoin de se dissoudre? Nous demanderons aussi bien que d'autres à nos électeurs ce qu'ils désirent ou ce qu'ils veulent, et, au mois de janvier, nous ne manquerons pas de vous le dire....