Extrait du journal
Rien ne vient plus à propos que l'Ex position, ouverte présentement, où se re présente à nos yeux ce que fut la vie sous le règne de Louis-Philippe. Tandis que j'y goûtais un plaisir plein d'amusement, un petit problème se posait devant mon esprit, et irritait ma curiosité : à quelle distancé une époque devient-elle poétique? On dirait que celles qui s'éloignent de nous descendent dans un ravin, où notre œil dédaigne de les suivre. Alais, quand elles reparaissent de l'autre côté, elles ne sont déjà plus les mêmes. Hier n'est pas le passéce n'est 'que' le débris souillé du présent. Le passé commence là Où nous pouvons de nouveau reposer nos illusions. C'est ainsi que le dix-huitième siècle nous a longtemps servi à cette fin, mais il est usé maintenant, et, en même temps que nous commencions à nous en fatiguer, nous voyions d'autres époques, à mesure qii'e'lles s'éloignaient davantage, entrer à leur tour dans la zone féerique. C'est pré cisément ce q'ura'rrivè à ce règne de LouisPhilippe, qui nous paraissait Te temps le plus prosaïque et le plus bourgeois. Des objets qui, naguère encore, nous auraient paru simplement très laids, ne nous sem blent pas encore jolis, mais nous les trou vons amusants : ce mot leur sert de passe port pour revenir d'exil. Nous nous pen chons sur eux avec une raillerie mêlée d'indulgence. Nous regardons ces colliers, ces bracelets, ces parures. Il n'y a de ridicule que la mode d'hier. Toutes les robes nous font rêver, quand celles qui les ont portées sont des mortes. Si l'on s'en tenait à ce que je viens de dire, on pourrait penser que toutes les époques deviendront poétiques à leur tour, et que ce n'est qu'une question de dis tance. Je ne le crois pas. L'éloignement ne fait pas tout. Ce temps de LouisPhilippe, tout bourgeois qu'il est, garde encore dans certaines de ses productions des qualités qui ne se retrouveront plus ensuite, j'avoue, pour ma part, qu'aucun prestige ne saurait me déguiser l'horreur des Sèvres monstrueux que cette époque nous a laissés. Mais les meubles de ce temps-là ont gardé certains mérites. L'em ploi des bois y est beau. Ils ont encore la pondération, la gravité nécessaires. On fait aujourd'hui des meubles qui sont par fois ingénieux. Cependant je crains bien qu'ils ne passent comme des cravates, sans qu'il y ait de la faute des artistes qui les ont conçus. Car ces artistes ne sauraient les créer entièrement à eux seufs. Tout meuble est l'expression d'une épo que. Comment y en aurait-il de vrais et de beaux, occupant leur place avec une majesté durable, en un temps qui ne sait plus ce-qu'est le repos? Même ces bro-...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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