Extrait du journal

La diversion tentée par une division de croiseurs allemands sur le littoral anglais de la mer du Nord avait évidemment pour but de favoriser l'opération irlandaise moins en détournant des forces navales importantes qu'en jetant le trouble dans les esprits et en faisant un appel sur un autre point. Elle avait dû être prévue comme un acte seulement éventuel de la pièce longuement machinée, car on. ne saurait compter sur le hasard d'un brouil lard opportun comme celui qui l'a favori sée. Sans lui, les croiseurs allemands eus sent été vus et arrêtés avant d'approcher de la côte : il aurait fallu se contenter de l'intermède aérien. Remarquons l'organi sation perfectionnée de cette expédition complexe : c'est une nouveauté chez nos ennemis. Ils suivent l'exemple donné par la marine britannique dans son attaque sur Cuxhaven. Mais si la méthode est bonne pour une incursion rapide et d'ailleurs hasardeuse, si elle permet, à la faveur d'un temps exceptionnel, d'insulter un point bien choisi du littoral, d'y tuer quelques civils, d'y faire quelques avaries aux destroyers de garde, il ne faudrait pas croire qu'elle justifie lés craintes de ceux qui voient déjà l'Angleterre attaquée par un immense débarquement germanique. Aussi bien, le temps n'est plus où le'ur. supériorité d'ef fectifs eût donné à nos adversaires des moyens d'armer une pareille expédition, en la supposant possible et sans dégarnir dangereusement leurs fronts terrestres. Ils ont aujourd'hui tout à redouter d'une concentration de forces qui fera craquer leur ligne quelque part ; et c'est pour la retarder qu'ils s'ingénient à jeter l'alarme dans le peuple anglais, pour qu'il ait la faiblesse de garder ses armées chez lui au lieu de les envoyer sur le continent. Le jeu est trop clair : les An glais ne s'y laisseront pas prendre. Ils savent où est le seul théâtre décisif ; ils savent quelle sécurité assure à leur île la maîtrise de la mer....