Extrait du journal
Plaignons les pauvres candidats qui, depuis l'ouverture de la période électorale, et même pour, ceux qui ont triché un-peu avant, parcourent toutes les communes de leur département et organisent des réunions publiques. Cinq ou six-cents communes à visiter, - en l'espace de quelques semaines, c'est une tâche qui semblerait dépasser les îarc'es hurkàines, mais qui ne dépasse, pas celles d'un candidat. C'est un véritable sport où triomphent, non pas toujours , les plus belles et fortes, voix, mais celles qui savent le mieux se ménager. On pourrait croire que des conférences où les hommes se présentant au suffrage de leurs électeurs exposent leurs idées et leur programme sont éminemment Utiles et désirables, pour permettre à un peuple « conscient et organisé » de se faire une opinion. Il n'en est cependant rien. On voit un peu partout en France comment ces réunions, fréquentées surtout par les commu nistes, ne servent à ceux-ci que de prétexte à déverser Sur leurs adversaires les plus grossières injures. Généralement, ils s'em parent du bureau. Et les malheureux soumis .à cette dictature, qui donne un avant-goût de celle du prolétariat, peuvent estimer qu'ils s'en tirent à bon compte, si le président, les appelant à prendre la parole, n'ajoute pas à leur nom, pour les désigner au mépris de l'assemblée, l'épithète de « fumier ». Après : ce beau début, on devine ce que peut être la suite. Ici, c'est un électeur qui affecte dè se gorger -de vin devant l'orateur, et, tout à coup, lui « offre un verre »: Si celui-ci feint de l'accepter, le buveur s'enfuit avec sa bou teille, montrant combien la doctrine collec tiviste l'a rendu peu « partageux ». Ou bien ; c'est un interrupteur qui, au beau milieu d'un grave discours sur. les finances, entonne- dùine • voix rauque "VfnierriatÏQncilé. Mais * souvent, après les scènes ridicules et grotesques, ce sont, des mêlées générales, des agressions contre les candidats comme cela vient encore de-se produire en Seine-et-Oise —et il est bien évident que, des discussions de ce genre, ne jaillit pas la lumière. On com prend que, dans ces conditions, les citoyens pacifiques et raisonnables évitent ces rendez vous électoraux où l'pn rencontre une si mauvaise société. Et l'on se demande si l'on ne pourrait au moins réduire au strict mini mum les réunions publiques qui donnent au pays un spectacle si affligeant, et dont l'uni que résultat est de briser les cordes vocales des candidats. On objecte que les électeurs veulent connaître ceux pour lesquels on les convie à voter. Curiosité bien légitime, mais qu'on pourrait. peut-être satisfaire par de simples visites où l'on s'expliquerait beaucoup mieux, devant des gens qui aspirent, non à brailler et à faire du désordre, mais à com prendre et à se renseigner. On parle beau coup de réformer les mœurs parlementaires. On devrait bien aussi réformer les mœurs électorales....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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