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Journal des débats politiques et littéraires, 27 décembre 1837

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Journal des débats politiques et littéraires
27 décembre 1837


Extrait du journal

PARIS 9 26 DÉCEMBRE. Nous ne voulons point exagérer les choses ; nous ne voulons point alarmer la Chambre des Députés et le pays ; nous voyons seulement la marche des choses et quelle est sa portée. Aujourd'hui, M. Odilon Barrot a obtenu 142 voix pour la vice-présidence ; il ne sera pas nommé vice président*, cela est évident ; mais c'est quelque chose de fort remarquable que ces 142 voix données, dès le début de la session, au chef de l'Opposition. Si ces voix étaient des voix données à la juste estime qu'inspire M. Odilon Barrot, il en aurait deux fois plus, que cela nous paraîtrait tout naturel ; mais ce sont des voix politiques. Il y a eu, cela est notoire, il y aeu une alliance entre le centre gauche et la gauche, pour arriver à ce résultat. Nous savons bien que dans l'intention de ceux qui ont groupé ce chiffre de 142 voix, c'est une menace faite au ministère; c'est une sommation et une sorte de con trainte pour enjoindre au ministère de quitter le pou voir; c'est une manière de dire : Il n'y a plus que nous de possible en deçà de la gauche; et encore prenez-y garde : peut-être ne le serons-nous pas long-temps. Nous sommes la dernière planche de salut ; mais hâtez vous de la prendre; car la vague grossit, et demain peut-être nous ne pourrons plus nous-mêmes nous sauver. Le jeu qu'on joue est dangereux. On croit menacer ; on dit vrai et plus vrai qu'on ne pense. On croit ajouter seulement.à l'illusion, on ajoute au danger. On fortifie la gauche pour s'en servir contre le ministère, et c'est un premier coup que l'on se porte à soi-même. De deux choses l'une, en effet ; le parti que vous forti fiez sera votre protecteur ou votre adversaire ; dans l'un et dans l'autre cas, nous ne voyons pas à quoi sert de le rendre plus fort qu'il est. Un pouvoir qui veut gou verner doit craindre d'avoir affaire à plus fort que soi, que ce plus fort soit un protecteur ou un adversaire. En même temps que M. Odilon Barrot a 142 voix que lui donne l'alliance du centre'gauche, M. Passy a 180 voix. Dans ces 180 voix, il y a les 142 qu'a obtenues M. Odilqn Barrot. La partie est liée entre ces deux por tions de la Chambre. Le centre gauche croit qu'il rom Î>ra l'alliance quand il voudra; il se trompe. Il obéira à a gauche qui lui aura donné le pouvoir , ou bien il la trahira scandaleusement. Il serait possible en effet qu'on fit le calcul suivant : devenir ministre à l'aide de la gauche poussée contre le centre ; rester ministre à l'aide du centre poussé contre la gauche, et changer d'armée selon le temps. Après tout, si nous allons à gauche, où sera le mal? dit-on. Le mal, c'est qu'il faudra dans six mois re commencer le système de résistance. Le ministère actuel est la dernière expression du sys-...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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