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Journal des débats politiques et littéraires, 27 février 1830

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Journal des débats politiques et littéraires
27 février 1830


Extrait du journal

PARIS , 26 février. Voilà six mois que Je ministère nous répète .« C'est au Roi à choisir ses ministres ; qu'il les prenne ou non dans la majorité des Chambres, peu importe; le droit du Roi est absolu ! » Et voilà six mois que nous répondons t Sans doute, c'est au Roi à choisir ses ministres; mais la Charte veut qu'ils soient pris dans la majorité des Chambres, ou que du moins, s'ils n'y sont pas pris, ils réussissent à se composer sur le-champ une majorité nouvelle , soit dans la Chambre même , par l'ascendant-de leurs talens, soit au moyen d'une réélection générale ! L'union intime du ministère et de la majorité des Chambres, c'est la loi du gouvernement représentatif, son prin cipe essentiel de vie et de force. Il faut que le'ministère obtienne, de façon ou d'autre , la majorité, ou qu'il se retire. C'est au mi nistère à céder, et non pas à la majorité'. Plus que jamais la question est de circonstance. Le ministère avoue maintenant avec une naïveté touchante qu'il y a trente voix de majorité contre lui dans la Chambre des Députés. Personne, certes, ne pensera que le calcul soit exagéré. Or le ministère ne casse pas la Chambre. Donc il se pourrait bien qu'il y eut aussi une petite majorité contre lui dans les collèges électoraux. Le ministère n'ayant dès lors ni majorité dans la Chambre , ni espoir d'en for mer une, la loi du gouvernement représentatif exige impérieuse ment qu'il se retire. La conclusion est-elle juste? Oui, et nous voulons l'établir une dernière fois avec une évidence telle qu'il 11e reste pas le moindre doute dans l'esprit des hommes de bonne foi. En soi-même, rien n'est plus simple que cette question. Pour l'obscurcir, il a fallu opposer ridiculement une prérogative à une prérogative, un droit à un droit, le Roi aux Chambres, et faire ainsi déraisoßner la Charte ! La prérogative royale, nous la respectons autant que qui que ce soit ! Y porter la moindre atteinte serait un crime, moins encore, s'il est possible, contre le Roi même que contre la France , dont cette prérogative assure le repos et la prospérité. Nous la voulons entière, nous la voulons puissante. C'est petitesse d'esprit, selon nous, que de voir la prérogative royale de mauvais œil, comme l'ennemi naturel de la liberté. Tout ce qu'on en détacherait serait perdu pour le pays même. Dans la main des Bourbons, elle ne peut être qu'un instrument de bonheur et de gloire. C'est elle qui maintient la paix publique au dedans et notre considération au dehors. Le Roi a doue le droit de choisir ses ministres, cela est incontes table. Personne ne le met en question. Il ne s'agit pas de limiter son droit; il s'agit seulement de savoir comment la Charte demande que ce droit soit exercé. Tout système politique a ses conditions d'exis tence , ses principes , ses lois. Le despotisme même n'est pas sans règles. Eh bien ! le droit du Roi de choisir ses ministres a aussi ses règles dictées par laraison et la naturemêmedu gouvernement repré sentatif. Le Roi ne veut pas , ne peut pas vouloir enfreindre ces...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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