Extrait du journal
La manifestation communiste d'hier a passé inaperçue. Au point de vue matériel, elle a été nulle. L'Humanité n'y trouve même pas matière à une manchette. Elle a dû aller jusqu'à Leipzig pour trouver « trois morts et vingt blessés » à inscrire au communiqué. Encore a-t-eile dû majorer les chiffres, car les dépêches ne parlent que de huit blessé-?,, Nul ne s'attendait à autre chose. Depuis qùè les mesures d'ordre sont prises sans osten tation, mais avec une loyale publicité, les révolutionnaires jouent dans ces journées d'apparat, qui leur sont imposées de Mos cou et dont ils sentent l'absurdité, un simple rôle de figurants, on pourrait presque dire de comparses. Ce n'est pas sous cette forme que le bol chevisme est présentement redoutable. Il est plutôt de ces maladies insidieuses dont les effets extérieurs paraissent bénins, mais qui minent l'organisme. Le bolchevisme s'atta que à la conscience. Ce n'est pas par hasard que les Soviets font une guerre acharnée à toutes les bases de la vie morale. Ce n'est pas un anticléricalisme de parade qui dicte leurs persécutions religieuses. Ce n'est pas par simple libertinage qu'ils détruisent le mariage, la vie familiale, l'obéissance aux parents, le respect de toute espèce de dé calogue. C'est pour eux un moyen de désar mer la résistance aux forces du mal, de combattre tout ce qui n'est pas jalousie, haine de classe, convoitise du bien d'autrui. Cette œuvre de démoralisation nationale, sociale et individuelle, il ne faut pas croire qu'elle soit en régression dès que l'ordre ma tériel est maintenu dans la rue. Il faut une.-, digue [jour empêcher la tempête de ravager les villes, mais une digue ne ramène pas le beau temps. Un coup de force n'est pas à craindre tant que les pouvoirs publics font leur devoir et entretiennent la digue de gra nit. Du jour où un gouvernement de capi tulation socialiste .serait aux fameux « le viers de commande », on verrait le flot , re prendre l'assaut et submerger le rempart de sable. 11 apparaît bien que les communistes ne s'y trompent pas. Leur guerre aux cama rades socialistes n'est qu'une tactique. Si les socialistes, comme ils s'en vantent, devaient être au pouvoir l'année prochaine, les jour nées révolutionnaires ne seraient plus une figure de rhétorique. Le sang coulerait dans les rues de Paris plus que dans ceiles de Leipzig, parce qu'un gouvernement de cette espèce, n'osant préventivement protéger l'or dre, serait forcé de réprimer le désordre une fois déchaîné, ce qui est à la fois moins sûr et plus brutal. *...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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