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Journal des débats politiques et littéraires, 27 juillet 1842

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Journal des débats politiques et littéraires
27 juillet 1842


Extrait du journal

PARIS, 26 JUILLET. SÉANCE ROYALE Posas? l'ouverture de la session des CïcarcsLre*. Le Roi a ouvert aujourd'hui la session de 1842. Il est venu, les larmes dans les yeux, la voix entrecoupée de sanglots, demander aux Chambres leur concours patriotique dans la circonstance douloureuse où la mort du prince royal a placé la France ; et les Chambres ont réjiondu par les plus vives acclamations de douleurs, . de dévouement et d'enthousiasme. Telle a été la séance royale de ee jour. Tout y a été simple et vrai, noble et touchant, digne de la France et digne du. Roi. Le Roi n'a pas craint de montrer ses lar mes, Il a pleuré publiquement celui que tout le monde pleure. En présence de ce malheur affreux qui a frappé notre pays, la douleur du père avait quelque chose d'auguste comme la majesté du Roi. Les larmes qui tombaient sur ce trône brillant, entouré de tout l'ap pareil de la royauté ; ces larmes semblaient un triste et religieux témoignage de la vanité des grandeurs humaines, tandis que cette énergique adhésion des deux Chambres, retentissant sous le dais royal, donnait l'idée de la force, de la puissance et de la perpétuité! Cette dernière impression survivra , nous l'espérons, aux émotions pénibles de la séance d'aujourd'hui. Hèlas! si soudaine et déplorable qu'ait été la catastrophe du 13 juillet, elle n'ajoutera presque rien à ce que tant d'expériences anciennes et modernes nous ont appris sur l'irrémédiable fragilité de notre nature. Mais ce grand malheur adu moins révélé quelle est encore, sur celle terre de France jonchée de tant de ruines monarchi ques, la force du sentiment national qui protège l'éta blissement de notre royauté nouvelle. Le peuple a pleuré, dans le duc d'Orléans, non seulement le prince infortuné que la mort est venue frapper sur le seuil de la plus brillante fortune, mais le soutien héré ditaire de la Constitution monarchique que le peuple a voulu fonder et qu'il saura défendre. Tél est le sens de cet immense deuil qui couvre la France. L'émotion du peuple avait précédé l'acelamation du Parlement. Les Chambres ont été aujourd'hui les or ganes fidèles de la douleur publique. Dans quelques jours, leur mission sera de calmer les alarmes que la mort de M. le duc d'Orléans a fait Daître. Le pays a obtenu l'ordre et la liberté à l'abri du gou vernement monarchique. Troublé tout à coup dans la jouissance de ces biens inestimables achetés au prix de tant d'épreuves douloureuses, le pays, par l'organe de son Roi, demande qu'on lui rende la sécurité. La session qui s'ouvre, quelque courte qu'elle puisse être, aura donc, à quelques égards, le caractère de cette session mémorable qui a fondé parmi nous, il y a douze ans, sur un contrat librement discuté et con senti, l'édifice d'une constitution monarchique. Depuis le jour où le Roi de Juillet a juré la Charte, jamais il n'avait eu à invoquer la puissance constituante du Par lement français. Et qui aurait imaginé, en effet, en voyant ce Roi appuyé sur la virile jeunesse et sur la double paternité du premier né de sa race, qu'il aurait jamais à discuter les périls d'une minorité, à s'inquié ter d'une régence, à se préoccuper des périls que sa mort pourrait déchaîner sur sa descendance et sur son pays? La fin tragique de M. le duc d Orléans a im posé ces tristes soucis à la royauté. En regardant au tour de lui dans sa familie dévastée par la mort, le Roi s'est dit que ce fardeau de l'avenir, que le sort faisait retomber sur sa vieillesse, pouvait être encore noble ment porté. Il s'est adressé aux Chambres. Le discours < de la Couronne annonce une loi de régence. Les Cham bres aviseront. Mais nous avons confiance. En voyant , se grouper autour du trône ces quatre princes, fils de Roi, dont trois ont déjà donné à leur pays tant de gages de dévouement, nous nous sommes dit à notre lour que la succession de courage, de patriotisme et d'hon- i neur laissée par M. le duc d'Orléans ne pouvait tomber en déshérence !...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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