Extrait du journal

on n'eût pas vu une approbation presque uni verselle accueillir la pensée de porter remède à un mal qui eût été purement imaginaire. Le mal existe, et les suites peuvent en être fâcheuses pour l'avenir des grandes entreprises ; cela n'est guère contestable. Mais peut-on y parer, comment, et par quels moyens? Voilà toute la question. On fait à la proposition de M. le comte Daru le reproche d'être incomplète, de ne pas atteindre par ses dispositions toutes les sortes d'agiotage, et pas*même tous ceux auxquels donnent lieu les entreprises de chemins de fer. M. Daru a com mencé par répondre à ce reproche, qui ne laisse pas que d'être singulier dans la bou che de ceux qui soutiennent qu'il n'y a rien à faire. Superflue et insuffisante, la proposition ne peut pas être tout cela à la fois. Mais elle n'embrasse pas tous les abus que le jeu sur les actions peut produire ou occasionner ! M. Dam répond que tel n'a pas été non plus son dessein. Il veut réprimer les plus graves, ceux qu'il lui paraît le plus facile d'atteindre, sans porter d'ailleurs aucune en trave à la liberté légitime des transactions. Il distingue donc dans une entreprise de chemin de fer l'époque qui précède la loi de concession et l'époque qui la suit. La seconde période, il ne s'en occupe pas, il ne propose pas de rien changer à la liberté qui règne aujourd'hui ; sa proposition ne se rapporte qu'à la première période. Alors l'agio tage est facile, un mince capital suffit pour ali menter un jeu considérable; la spéculation s'exerce sur quelque chose d'incertain, sur un chemin qui ne se fera peut-être jamais. Dans la seconde période tout est différent....