Extrait du journal

La meilleure préparation à la guerre sera acquise par la multiplication des camps d'instruction ; voilà qui est entendu. Toutefois, les camps d'instruction, même multipliés, ne produiront d'effets utiles que s'ils sont fréquentés, et les partisans du service a court terme comprendront certainement qu'un réserviste qui aura été convoqué eu tout et pour tout deux fois dans un camp d'instruction, d'abord pour vingt-trois jours, ensuite pour dix-sept jours, dans un laps de douze années, ne sera pas extraordinairefnenl entraîné. Us n'hésiteront donc pas à. demander des périodes plus longues et plus nombreuses, aihsi qu'il se pratique dans toutes les ar mées étrangères qui ont adopté le service de deux ans ou le système des milices. Ici encore le succès près des électeurs sera considérable. Pour obtenir un meilleur encadrement, il faudra s'occuper, comme le suggère M. Ilenry Paté dans une interview récente, d'instruire plus sérieusement les sous officiers de réserve et de territoriale. Et probablement serà-t-on conduit îi imiter les Allemands qui imposent à ces gradés des périodes d'instruction plus longues qu'aux soldats. 11 est vrai que ce sera un petit accroc au grand principe de l'éga lité de l'impôt du sang. Si 011 ne veut pas s'y résoudre, un meilleur encadrement des réserves ne pourra être réalisé que par des prélèvements de cadres sur l'armée active.. Mais, en ce qui concerne les sous officiers, l'expéi'ienee a prouvé que les seuls sous-officiers actifs aptes à bien commander des réservistes sont les ren gagés. Le problème consistera donc à pro voquer le maximum de rengagements. On se montrera saiis" peine généreux sur le chapitre des primes et des hautes payes; mais il n'échappera pas à nos législateurs que si les sous-officiers ne rengagent pas en plus grand nombre, c'est qu'ils sont de puis de longues années leurrés de ce qui leur tient le plus au cœur, c'est-à-dire des emplois civils après libération, et qu'ils en sont leurrés par les politiciens qui accapa rent ces emplois pour leurs créatures et leurs agents électoraux. Si par hasard il se trouve de ces politiciens-là parmi les parti sans du retour au service de deux ans, on est en droit d'exiger d'eux qu'ils fassent «monde honorable et jurent sur la tête de leurs électeurs de ne plus commettre le même péché contre le service de deux ans. Quant à l'accélération de la mobilisa tion, nous craignons,à vrai dire, de n'avoir pas beaucoup d'éclaircissements sur le transport rapide à la frontière des « forces viriles » préconisé par M. Jaurès. A entrer dans les détails de celte délicate opération...