Extrait du journal

Notre correspondant de Genève nous mande : Le renvoi du débat sur le plébiscite sarrois et l'ajournement de là session extraordinaire du Conseil de la S. D. N. au commencement de décembre, n'ont causé aucun étonnement à Genève. Aussi bien laisse-t-on entendre que les négociations dé Rome marchent très heureuse ment et qu'il importe peu que le Conseil siège une semaine ou dix jours plus tard si c'est pour enregistrer un accord plus complet, sinon plus satisfaisant. Il n'y a eu guère que M. Litvinov pour dire qu'il n'en était pas content. Si la plupart ou même tous les autres représentants au Conseil peuvent aisément retourner à leur domicile ha-, bituel dans l'intervalle, il n'en est, évidemment, pas de même du commissaire du peuple aux affaires étrangères. L'ordre du jour de la session extraordinaire du Conseil, que la requête hongroise va amener ses membres à corser, oblige en effet M. Litvi nov a être présent. À en juger par les termes de la demande de la Hongrie, la paix elle-même se trouverait menacée par la requête de la Yougoslavie. Or, on sait que les Soviets ne sont entrés dans la S. D. N. ils l'ont dit du moins que pour défendre la paix et partici per à l'organisation pacifique de l'Europe et du •monde. . ... .h ~ . On né partage d'ailleurs* pas, A Genève, les inquiétudes que certains manifestent depuis l'envoi de la requête hongroise réclamant la discussion immédiate de la question posée par le gouvernement yougoslave. On ne croit pas que cette discussion puisse être pleine de pé rils. A vrai dire, la Hongrie ne pouvait guère faire autre chose que ce qu'elle a fait. Tout re tard apporté à se défendre retombait, forcé ment sur elle. Il eût marqué son embarras et eût mis son gouvernement en fâcheuse posture devant la nation hongroise. Il fallait, coûte que coûte, braver l'accusation. Des raisons de politique extérieure ont égale ment pesé dans la balance. La demande a été envoyée sans plus attendre. •' ' ■; Tout au plus pourrait-on marquer quelque surprise de l'argumentation qui est implicite ment contenue dans le document hongrois. Si un Etat qui estime que telle ou telle situation menace là paix ou la bonne entente avec ses voisins et qui en avise, à titre amical, l'Assem blée ou le Conseil de la S. D. N., comme il est prévu à 1 alinéa'll de l'article XI du Pacte de la S. D. N. et comme la Yougoslavie vient de le faire, se voit accusé, ipso facto, de créer une atmosphère de guerre, toute l'action pré ventive de la Société des Nations va s'en trou ver paralysée. On doit insister là-dessus. Le libellé de la requête hongroise est, en effet, suf fisamment clair pour qu'on en doive tirer cette conclusion. Et c'est un des . aspects de la ques tion que le Conseil aura le devoir de considé îer également. Pour le surplus, il est bon que le Conseil liquide au plus vite ce douloureux procès. La Yougoslavie l'avait demandé également. Divers gouvernements lui ont fait remarquer qu'il était difficile au Conseil d'examiner en même temps...