Extrait du journal

« Pour sûr que ce costume-là ne t'îrait pas! » et la voisine fut clouée. Les esthètes prétendent que ces tableaux vivants ressemblent tout à fait aux petites photographies peintes qu'on voit dans les boutiques de la rue de Rivoli et qu'on vend cinq francs, les deux pendants, avec deux petits chevalets en bois noir. Mais cela n'est pas une raison pour condamner un spectacle aussi instructif, aussi suggestif. Biaise Pascal a écrit : « Quelle vanité que la peinture qui attire l'attention par la res semblance des choses dont on n'admire pas les originaux! » Biaise Pascal eût sans doute jugé plus vains encore les tableaux vivants qui attirent l'attention par la ressemblance des peintures dont on n'admire pas les ori ginaux. Je n'ai pas osé consulter là-dessus la dame du promenoir. Mais je crois sincè rement qu'elle ne se détermine pas, dans ses goûts et dans ses préférences, par des raisons, tirées des Pensées de Pascal. Après les tableaux vivants, on représente un petit ballet dont l'auteur est encore M. Armand Silvestre. C'est un ouvrage d'un bouddhisme très modéré. L'auteur dyl\eyl, on le sait, a des ressources diverses. Dans le scénario de ce ballet, il ne montre que le côté pile de son génie : c'est du reste le plus intéressant... C'est ainsi qu'en une seule soirée, pour une somme minime, on peut contempler, après des chefs-d'œuvre de plastique, les danses par où sont exprimées les pensées délicates d'un poète. Paris est toujours Athènes. ANDRÉ HALLAYS....