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Journal des débats politiques et littéraires, 29 avril 1939

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Journal des débats politiques et littéraires
29 avril 1939


Extrait du journal

Les Débats avaient signalé les premiers, dès la réunion officielle au cours de laquelle il en fut délibéré, l'intérêt à la fois national et in tellectuel, artistique aussi, qui s'attache à la célébration, cette année, du troisième cente naire de Jean Racine. Parmi les manifestations prévues par le comité parisien, il en est une qui mérite d'être connue dès maintenant : Les Plaideurs joués en plein air, sur l'escalier du Palais de justice, à l'aspect du boulevard du Palais. On avait d'abord songé à organiser la représentation dans la salle des Pas-Perdus, puis dans celle de la galerie de Harlay, mais l'acoustique s'étant révélée également défec tueuse dans les deux endroits, il y fallut re noncer. De toute façon une belle mise en scène « au naturel » s'offrira dans un ensemble approprié à souhait. Nous avions déjà failli avoir du Molière (Monsieur de Pourceaugnac) joué dans la Cour Carrée du Louvre, nous avons eu du Victor Hugo (Marion Delorme) joué sur la place des Vosges, et Le Mystère devant Notre-Dame, sur la place du Parvis, est devenu l'une des dates rituelles des Fêtes de la Saison. On pourrait étendre facilement le champ des évocations théâtrales parmi les paysages de pierre qui subsistent de l'ancien Paris. Des mélodrames de Dumas père s'accorderaient à leur perspective normale dans le quartier du Marais, où les pièces de Sardou ne seraient pas dépaysées davantage. Le place des Vic toires, la place Vendôme offriraient des « fonds > tout préparés. Mais cette utilisation risquerait d'amener vite des abus et ce n'est vraiment qu'en des circonstances exception nelles, étudiées, et pour des commémorations bien définies, qu'il est louable de recourir à une telle rupture avec le carton du décor. Jamais peut-être autant qu'à notre époque la passion d'étoffer le passé à l'aide du pré sent ne fut si ardente. Ce siècle épris de « pro grès s>, féru de « modernité », souvent con tempteur de « jadis et naguère », éprouve obscurément le besoin de ranimer les figures effacées, de les placer sous l'éclairage actuel, et de faire sonner de nouveau au cadran de l'histoire les heures éteintes. On ignore ce que donnera, réalisé, le pro gramme établi pour le cent-cinquantième anni versaire de la Révolution, mais indépen damment des jugements qui ne sont pas du domaine de. cet «Au jour le jour » on y relève un souci de la reconstitution « image d'Epinal » qu'atteste par exemple celle du moulin de Valmy. De quelque point de l'horizon politique ou social que vienne l'homme, il est toujours saisi d'une avidité nostalgique à l'égard des périodes révolues. La curiosité de l'autrefois est géné ralement plus grande que celle de l'avenir, et certes cette différence tient à la difficulté, moins ardue quand il s'agit de ressusciter par ' les archives, les mémoires et les estampes que lorsqu'il faut déchiffrer l'avenir, mais il y a davantage. L'imagination humaine, comme en sorcelée par le mirage d'un rapatriement, se I...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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