Extrait du journal
La Chambre et le gouvernement ont ténu, hier, à rendre hommage aux agents et aux sol dats dont le dé vouemen t ne se décourage ni ne se, lasse en facedufléau qui nous enserre de toutes parts.Ce tribut d'admiration est on ne peut plus justifié et le public tout entier s'y associera. Le corps des.gardiens de la paix, le personnel des commissariats de police, se sont montrés uno fois de plus fidèles à leurs héroïques traditions; quant à l'armée, elle a montré que sa force mo rale et son sentiment du dévoir se retrouvent, intacts quand le salut public est en cause. 11 est juste de ne pas oublier non plus, la foule des sauveteurs bénévoles qui sont accourus dès le premier moment au secours des populations si nistrées, sans se faire illusion sur les dangers de toute sorte à affronter. Ce concours de bonnes volontés prouve que les idées d humanité et de fraternité,qui sont l'honneur de l'homme civilisé, n'ont rien perdu de leur action, même ,à une époque où le scepticisme égoïste s étale parfois avec ostentation. 11 est évident que nous valons mieux que nous no nous plaisons à le laisser voir en temps ordinaire. Ce n'est pas une raison d'ailleurs pour nous décerner des lauriers. Nous avons le mérite de ne pas donner un speçtacîe d'affolement. La masse de lojiopulatibn reste calme et résignée, comme il convient dé l'être en face de l'inévi table. La résignation à l'inévitable ne consiste pas, bien entendu, à se croiser les bras et à céder sans résistance à la force déchaînée des éléments.. Elle consiste à porter notre effort sur ce qui peut encore être évité, à sou tenir une lutte utile contre les nouvelles menaces de destruction au lieu de perdre notre, temps en imprécations vaines con tre le fait accompli. C'est ce que la popula tion a compris. Nulle part elle né s'emporte à vide. Elle subit les épreuves qui s'accumulent chaque jour sans puériles révoltes. Elle va à ■es affaires tant qu'elle le peut. Privée de ses habituels moyens de transport, elle déploie des prodiges d'ingéniosité pour arriver quand même à destination. Tour à tour le téléphone, l'électricité, le gaz nous font défaut. Chacun fait bonne contenance et la préoccupation anxieuse quiétreint tous lescœursne se traduit extérieurement que par un redoublement d'o bligeance et de sociabilité-Tout cela est louable, et tout cela fait une favorable impression, mais il ne faudrait pas nous donner le ridicule de nous croire surhumains. _ ■ , La véritable, la dangereuse épreuve pour un peuple pressé etiniaginatif comme, le nôtre, est celle qui nous attend lorsque la fin de la crue amènera son cortège de ruines et de souffrances prolongées. Le public a malgré tout l'idée que du jour au lendemain tous les rouages de notre vie moderne si complexe se remettront à fonc tionner dès que la Seine sera rentrée dans son lit. Il croit vaguement à un miracle, un miracle de la science. Assurément, cette idée n'est pas réfléchie et personne n'oserait la formuler tant il est manifeste qu'elle est fausse. Mais il n'en est pas moins vrai que la seule annonce de la décrue va déchaîner des espoirs immodérés, des espoirs qui seront déçus. Ne voit-on pas déjà la Bourse escompter par une hausse le simple indice d'une amélioration ? C'est là le péril. Présentement, le public est raisonnable; il est, du reste, intéressé par ce spectacle qu'il sera presque glorieux d'avoir vu. Il est convenu que c'est un mauvais mo ment à passer, mais un moment pittoresque. Demain ii n'y aura plus rien à voir. Ce sera le travail ingrat de remise en train de l'énorme machinerie dans laquelle nous sommes habi tués à vivre et dont la privation prolongée pa raîtra intolérable. Ce sera la lutte domestique contre des fléaux nullement décoratifs. 11 fau dra désinfecter des Caves, boucher des trous, cônsolîdebdes fondations. Tout cela ne se met pas en cartes postales. On trouvera vite que tout cela traîne longtemps,, et on aura moins de patience envers le travail réparateur de...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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