Extrait du journal

de bourgeois, je sais comment parle un bourgeois ; je les ai vus à l'œuvre ; j'ai donné le bras aux jeunes filles de mon quartier, j'ai vu de près,ces honnêtes gens, j'ai vu de loin quelques fripons, j'ai entendu raconter des histoires, fraîches de la veille ou de la matinée, je sais bien ce que c'est qu'un imbécile, un fat, un vaurien, un avare, une coquette dans ma condition, dans mon quartier, dans la maison que j'ha bite ; tous ces gens-là et moi nous parlons la môme langue, nous portons les mêmes habits, nous avons les mêmes ambitions, les mêmes besoins ; donc, pourquoi me de mander une tragédie à l'heure où la comé die est sous nos yeux ? Pourquoi voulez vous que je fasse le pied de grue au seuil du palais des rois quand je puis devenir un poète comique, tout simplement, en m'as seyant une heure par jour dans la loge de mon portier? C'était bien répondre, et, pour bien faire, on devrait raconter cette historiette à tous les faiseurs de tragédies. Nous, cependant, le soir même de la Cra vate Manche , nous avons été charmés de retrouver le vieux et naïf Bouffé dans son rôle des Vieux Péchés. Qu'il est resté bon homme, jovial, habile et courtois bGomme il se plaît dans son propre artifice I Enfin comme on lui sait gré de toutes les peines qu'il se donne ! A toute force il veut plaire ; à tout prix , il faut qu'il amuse. Enfant de la comédie , il n'.a pas vieilli le moins du monde ; il a toujours la flamme au regard, la bonne humeur au sourire. Nos corné-, diens , si contens d'eux-mêmes, sans avoir de rivaux, feraient bien d'apprendre, à l'é cole même de Bouffé, le respect de soi même et le souci des convenances. Quels brutaux , si vous les compare? à ce bon homme , et comme ils seraient honteux de leur sans-gène , si tant seulement ils se doutaient du grand art caché sous cet ap parent naturel ! Mais quoi, n'y pensons pas, n'y pensons plus. L'art de la comédie est mort! A cette heure , les modèles ont dis paru, à peine ils ont laissé la trace de leurs pas et l'écho de leurs chansons....