Extrait du journal

que de supposer à un gouvernement né de deux grandes révolu tions libérales, la prétention et le dessein de rétablir les abus contre lesquels ces révolutions ont été faites. Plus la destruction du régime déchu est récente, plus l'argument profite aux inimitiés politiques qui l'emploient. Quand la victoire est d'hier, il n'est pas difficile d'éveiller tes susceptibilités du vainqueur;, les esprits, je dis les plus modérés et les plus honnêtes conservent pourtant je ne sais quelle inquiétude Vague sur le résultat de conquêtes aux quelles manque la sanction du temps. Oo est plein de confiance dans la loyauté des intentions d'un gouvernement; on sait que son intérêt est solidaire du nôtre; on l'a vu se mettre, en mainte épreuve périlleuse, à la, tète des majorités nationales et arborer franchement le drapeau d'émancipation; et cependant on n'est pas sans crainte, ou du moins on'n'ose pas montrer toute sa confiance; le peuple a été si sonvent trompé ! Il y a si peu de temps qu'on est libre! L'honnêteté, la probité dans L'exercice du pouvoir sont chose si nouvelle ! On veut attendre pour se livrer ; ou veut avoir duré pour croire à sa puissance, on veut avoir véeu pour être bien persuadé qu'on peut vivre. Telle est l'inévitable disposition d'un assez grand nombre d'es prits, aux époques qui suivent immédiatement le triomphe des idées et des institutions libérales. C'est cette disposition que les ehefs de partis exploitent avec une habileté souvent perfide ; c'est cette inquiétude irréfléchie %es minorités qu'ils invoquent quand ie calme des passions et des intérêts généraux leur ferme la bouche. C'est ce triste penchant à suspecter des intentions irréprochables et à supposer d'absurdes desseins aux dépositaires du pouvoir, que flattait l'honorable député de l'Aisne, quand il prononçait les paroles que nous avons résumées plus haut, et en échange des quelles il recevait des applaudissemens assez brnyans pour faire crouler les restes du château aristocratique dont il exhumait les souvenirs. Nous disons que c'est li une tactique d'Opposition contre laquelle un gouvernement doit incessamment protester. Il ne faut pas que l'on puisse croire que son silence est l'aveu des torts qu'on lui im pute; car il ne suffit pas, de nos jours, que des reproches soient absurdes; ils ont encore besoin d'être réfutés. Le triomphe des prin cipes du gouvernement est à ce prix. S'il se contentait de répondre aux imputations mesurées de ses adversaires, et s'il ne voulait réfu ter que ceux de leurs reproches qui auraient une apparence de rai son, il faudrait donc renoncer à combattre l'Opposition, ei lui lais ser Je champ libre! Nous maintenons qu'il n'y a pas dé gouverne ment possible à cette condition. Répétons donc pour la centième fo:s depuis la révolution de 1830, répétons assez haut pour être entendus de l'honorable député de l'Aisne et de ses convives de Coucy, que le rétablissement de l'a ristocratie en Frauce n'est ni une entreprise qu'on puisse tenter, ni une conquête désirable, ni une prétention, ni un vœu, ni même une espérance du gouvernement de Juillet. Relever les ruines du vieil édifice aristocratique, c'est tout simplement impossible; y suppléer par rétablissement de nouveaux privilèges, les mœurs y répugnent, les lois le défendent, il y a en France un million de gardes nationaux armés contre l'accomplissement d'une pareille ex travagance ; rendre à la pairie son hérédité, dans laquelle les bons esprits n'ont jamais vu la restauration de l'ancienne aristocra tie française, mais enfin qu'à tort selon nous l'instinct public a...