Extrait du journal
Une commission a été instituée l'année dernière pour réorganiser l'enseignement de l'Ecole de Saint-Cyr. Cette commission, composée d'hommes éminens, et qui parait animée des plus louables intentions, vient néanmoins de proposer au mi nistre de la guerre une mesure qui nous parait une erreur grave et faite pour jeter la per turbation dans l'enseignement de l'Ecole mili taire : c'est la suppression de tous les ouvrages adoptés pour cette Ecole, et leur remplacement par des programmes lithographiés. En prenant cette décision , la commission a sans doute pensé que si, au lieu d'ouvrages complets, méthodiques, qui renferment souvent des connaissances plus élevées et plus étendues que celles des leçons orales, elle mettait entre les mains des élèves quelques feuilles renfermant strictement l'abrégé des cours, elle rendrait les leçons plus simples et plus faciles. Nous le répétons, c'est une erreur grave : elle ne tendrait à rien moins qu'à favoriser la paresse et la médiocrité aux dépens de l'intelligence et du travail. Elle réduirait l'instruction des élèves à des nomenclatures, à quelques mots, à quelques chiffres appris de mémoire ; elle substituerait à un enseignement large, méthodique, ration nel , tel qu'il convient à la deuxième école du royaume, et comme il le faut à des jeunes gens de vingt ans, qui ont tous reçu l'éducation des collèges, un enseignement élémentaire, étriqué, incomplet, l'enseignement des écoles primaires. Les livres adoptés pour Saint-Cyr sont, pour la plu part, des ouvrages remarquables, spéciaux, par faitement connus et appréciés du public , où les élèves peuvent puiser largement, non seulement l'instruction officielle de l'Ecole, mais les connais sances plus élevées, indispensables aux besoins, aux devoirs de leur carrière. Plusieurs d'entre eux ont été traduits et adoptés dans presque toutes les écoles militaires des autres nations. Les pro grammés qu'on veut leur substituer, n'en seraient qu'un pâle reflet, qu'une ombre sans portée comme sans valeur. Conçoit-on, par exemple, ce que sera un cours d'art militaire réduit à un programme aride de quelques pages, au lieu d'être éclairé par un ouvrage où le précepte et l'exemple se soutiennent mutuellement, où les ap plications abondent à côté des principes, où l'analyse raisonnée de nos grandes guerres prépare de jeunes intelligences à continuer les traditions glo rieuses de nos pères? Nous espérons donc que la commission des études de Saint-Cyr reviendra sur la proposition qu'elle a adressée au ministre de la guerre ; si elle y persistait, nous comptons sur la sa gesse du ministre pour en arrêter l'effet; et pour l'y déterminer, nous finirons par une dernière et grave considération : Les ouvrages adoptés pour Saint-Cyr ont l'avantage non seulement de com pléter l'enseignement oral des professeurs, mais de le contrôler, e'est-à-dire qu'ils forcent les pro fesseurs à tenir leur parole à la hauteur des écrits que les élèves doivent concilier. Cela est d'autant plus important, que le corps enseignant de l'Ecole militaire est composé en grande partie de jeune» officiers d'infanterie qui ont besoin de trouver, pour leur enseignement oral, de savans guides dans les ouvrages faits par leurs devanciers ; et leur parole manquerait de force et d'autorité si elle ne s'appuyait, par exemple, dans le cours d'art militaire, sur l'ouvrage si remarquable et si estimé dans l'armée de M. le colonel Roquancourt....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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