PRÉCÉDENT

Journal des débats politiques et littéraires, 29 septembre 1914

SUIVANT

URL invalide

Journal des débats politiques et littéraires
29 septembre 1914


Extrait du journal

Les beaux dimanches dès petites gens . A cette saison, dans les années paisibles, les premiers trains du dimanche Conduisent à Robinson toute la rive gauche, et ' les files des convois amènent à peine la foule des braves gens. Après une demi-heure, 011 arrive au pied d'une longue côte que l'on gravit par une route qui tourne deux fois entre des villas, des guinguettes et des manèges. Les pentes sableuses sont cou vertes de châtaigniers magnifiques. Le haut du plateau est nu. A mesure qu'on s'élève, on voit sur la gauche, par delà de profondes vallées, les pentes opposées de Sceaux : le château et ses parterres, des" maisons roses dévalant dans un bois, le village de Fresnes èt, au loin, l'horizon de la Brie. Des gens s'en vont par groupes, portant des fleurs. Des enfants passent sui des ânes. Çk et là une automobile gronde dans la foule. De toutes parts on aperçoit à travers les feuillages le mouvement de pendule des balançoires. Sur tout cela, hier, le silence. Les ma nèges sont fermés. Les ânes ont disparu. Il n'en restait que deux, de couleur brûlée, attachés dans une crèche, chargés de leurs selles de velours rouge; ils attendent, hum bles et sournois. Les chiens étonnés sont assis devant les portes. Les salles de bal sont désertes. Seulement, sur les routes, on voit encore quelques promeneurs. Un bonhomme grisonnant a mené, comme à l'Ordinaire, ses deux filles à la campagne; mais, au lieu du veston d'alpaga et du gilet déboutonné, il porte k capote bleue et le képi. Parfois, dans le cadre d'une fenêtre ouverte, on aperçoit une famille assemblée ; et toujours, dans le groupe, on reconnaît un uniforme. Dans un chemin qui descend sous les chênes, deux amoureux passent, les derniers du pays; deux amoureux pau vres, honnêtes et tranquilles qui portent des fleurs de l'arrière-saison. Tout est calme, mais non point triste, Nous interrogeons des gens ; ils viennent de recevoir des lettres, ils sont contents. Ils mènent leur vie accoutumée. Comme le tragique est une chose simple ! Je pense à cette vieille femme qu'on a trouvée sur là Marne dans un village dévasté, et qui tri cotait, tranquillement... Nous rentrons à Paris. Beaucoup de gens, par économie, n'en sont point sortis. On les voit qui reviennent d'une promenade dans les faubourgs. Unè mère rentre avec son petit garçon qui a trois ou quatre ans. Il est fatigué. Il demande qu'on le porte. ".Non, Raymond, dit la mère, tu es trop grand maintenant. » Et, pour l'encourager, elle lui montre un rouleau à vapeur qui écrase les cailloux de ses. milliers de .kilos. «Regarde, lui dit-elle, l'autobus qui mar che tout seul. Il faut que Raymond fasse comme lui. » L'enfant regarde l'énorme machine; ce puissant exemple l'encou rage et même lui en impose. Il ne Veut pas faire moins et il marche sans se plaindre. —Y....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • anvers
  • henry bidou
  • guillemard
  • raymond
  • assche
  • ian france
  • gutenberg
  • osso
  • schooten
  • antoine
  • meuse
  • paris
  • verdun
  • galicie
  • france
  • angleterre
  • hongrie
  • alost
  • pologne
  • metz
  • union
  • cologne