Extrait du journal
effets, ces effets, alors même qu'ils écla tent avec violence, ne sauraient les éton ner. Ils sont comme un homme exposé au feu d'une batterie, que ne surprend pas le fracas terrible du cçup d'arrivée, parce que son oreille attentive avait déjà perçu le son faible et mat du coup de départ. A l'opposite de ces observateurs scru puleux, il faut placer les hommes que la revanche des faits met en rage : ce sont les politiciens . Habitués à déployer leur industrie sur une matière inerte, et à pro fiter de l'ordre même qu'ils détruisent, ils n'en reviennent pas de voir leur action porter sans délai ses effets funestes. Leur exaspération est d'autant plus grande qu'investis d'une apparence de pouvoir, ils croient que cela doit leur permettre de maîtriser la réalité en révolte. Mais, en voulant frapper cette réalité, ils ne font que briser sur elle leur sceptre de verre. Cependant, la pensée se détourne d'eux, pour revenir à cette multitude d'esprits modéstes qui forment la masse de la na tion. Il est vrai que les circonstances en ont d'abord réveillé beaucoup. Il est vrai qu'ils font des constatations plus impor tantes que leurs opinions. Mais, dans la plupart des cas, ce changement ne peut pas aller très loin. Car leurs opinions subsistent encore en :eux. Ils continuent | d'honorer des principes dont ils réprouvent ; les conséquences. Us entrent dans une bonne voie, où les arrête un vieux pré jugé. A supposer même qu'ils retournent à une vue plus saine des choses, il faut considérer qu'il n'y a aucune mesure entre la lenteur de ce mouvement et la précipi tation des faits qui en sonila cause : les esprits reviennent à la vérité en charrette, et les événements arrivent sur nous en train rapide. Cependant, on aurait tort de se plaindre qu'il en soit ainsi : la plupart des hommes appartiennent à leurs soucis et à leurs intérêts,- et cela est naturel et légitime. Si l'on considère que l'Etat qui devrait les guider les égare, et que la Démagogie se revêt d'un prestige officiel pour exciter leurs mauvais instincts, on admire encore l'effort qu'ils font vers un sentiment juste et honnête des choses. On n'a pas à leur demander plus que cela, ni à attendre d'eux davantage. C'est une élite qui doit achever en doctrines fortes ces bonnes intentions d'un peuple. Cette élite réussira-t-elle à se reconnaître, à s'unir, à intervenir ? Voilà bien, en effet, le nœud du drame. ABEL BONNARD....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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