Extrait du journal

Sement de la nuit pesait encore sur les objets, et les détails du paysage demeuraient confus; il n'y avait de net et de distinct que le profil des chaînes du petit Allas dont, un premier rayon éclaircit les cimes. Sous nos yeux mômes et dans des plans plus rapprochés, on n'aperce vait qu'une route déserte, sans vie ni mouve ment. A peine, de loin en loin, rencontrait-on un détachement de soldats achevant leur étape, ou une file de baudets chargés de légumes, que des Arabes déguenillés, poussaient vers Alger à grands coups de gaules accompagnés de cris. Dans les champs point de cultivateurs ni rien qui rappelât nos exploitations d'Europe. Malgré une domination déjà ancienne, la campagne a gardé son caractère africain et ces airs d'aban don qui se retrouvent dans toutes les contrées de l'Orient où les habitudes nomades ont long temps prévalu. L'llarrachunefois franchi, nous entrions dans la Mitidja, c'est-à-dire le pays le plus monotone qui soit au monde; jusqu'au village de l'Arba, désigné pour notre première halte, il en devait être ainsi. IL Ce trajet, mêlé de poussière et de chaleur, ne m'aurait laissé que des souvenirs au moins Insignifians, si ma bonne étoile ne m'eût placé à côté de l'officier des bureaux arabes qui nous accompagnait dans cette expédition. C'était un homme déjà mûr, mûr par l'esprit plus encore que par l'âge, et à qui un long séjour avait rendu familières la physionomie des lieux et les mœurs des naturels. -Il savait l'arabe comme un thalcb et le Coran comme un mnphti. L'un des premiers cl avec nos colonnes mobiles, il avait pénétré dans le Tell et les oasis, quand cette région s'appartenait encore et n'avait rien perdu de son aspect primitif. Personne n'avait poussé plus loin l'étude des races indigènes et ne possédait des données plus exactes sur ces migrations périodiques qui tantôt poussent les populations vers les steppes du Sahara et tantôt les ramènent vers la zone susceptible de culture. Il connaissait les dialectes des diverses tribus, les itiné raires des caravanes, les lieux d'échange, la situation des puits et des abreuvoirs, qui seuls rendent ces solitudes accessibles aux i voyageurs. On citait de lui un trait, et je l'ai...