Extrait du journal

Le gouvernement se présente cet après midi devant les Chambres. Son premier acte est de lire la Déclaration ministérielle dont on trouvera le texte dans les nouvelles de Dernière Heure. Le second acte est de deman der à la Chambre de fixer dans quelques jours les interpellations relatives à la politique gé nérale et à la politique financière. On comprend que le ministère juge toute discussion inutile avant le dépôt de ses pro jets financiers. La Déclaration ministérielle indique des tendances générales. Ce sont les projets qui feront connaître exactement les idées du gouvernement et sa méthode. Or l'établissement de projets aussi importants demande bien quelques jours. On peut, certes, supposer que ni M. Caillaux, ni ses collabo rateurs n'ont attendu d'être au pouvoir pour avoir une pensée sur lés finances publiques. Il .semble même qu'ils en aient eu plusieurs, et la difficulté sera peut-être pour eux de choisir. Mais, quelle que soit leur décision, elle suppose une adaptation aux faits les plus récents, et, comme un des caractères de notre situation est l'instabilité, il est normal qu'ils désirent accorder leurs projets aux réalités du lerIer juillet et non à celles d'il y a six mois. Une autre préoccupation du gouvernement est de tenir compte du rapport du Comité des experts, et ce rapport n'est pas déposé. Quand le Comité des experts a été formé, il a été jugé indispensable par le Cabinet qui régnait alors. Malgré certaines réserves qui ont pu être faites sur la manière dont le précédent ministère avait conçu et orga nisé ce Comité, il a été entendu, dès le pre mier moment, qu'il travaillerait avec indé pendance. Le public, qui est. lassé de tant de choses,' a attaché une certaine importance au travail de ce Comité. Il faut donc que le rapport soit déposé et publié. Le gouver nement garde le droit d'en tenir compte, ou de ne pas adopter toutes les conclusions et de dire pourquoi. Tout dépend, d'ailleurs, de la nçtteté du rapport et des conditions où il aura été adopté par le Comité, qui sou haite, sans doute, proposer des solutions à l'unanimité, mais qui n'obtiendra pas peut être cette unanimité sur tous les points. La discussion sur le fond des affaires fi nancières ne s'engagera donc que dans quel ques jours. C'est dans ce délai de quelques jours que le gouvernement prendra ou ne prendra pas de résolutions d'une grande por tée, et choisira la voie qui devrait être celle du salut....