Extrait du journal

Il est arrivé; point timidement.cohime une jeune fille rougissante, ne connaissant encore son pouvoir ravisseur. Non. Le printemps est mâle. Il arrive dans l'élan des bourrasques et le (rebondissement de la grêle. Il est casqué, il est guerrier, d'abord, il est Mars. A lui les folles gibou lées. Il est homme, ce printemps adorable; pire, il est jeune homme. Il crée et il tue dans la même minute. Il est piaffant, im patient. Les arbres ne se dépouillent point assez tôt des branches de l'hiver, le hêtre garde encore à ses branches étagées les feuilles de Barrière-saison ; vite, à lui le vent. Les bois, les brindilles tombent, de ci de-là, où ils peuvent, et se mêlent à la paille voltigeante. Dans les" villes, les arbres sont ternis par les fumées, les pas sereaux ont de la suie sur les ailés, et que les murs sont tristes par ce jeune soleil ! A lui l'eau du ciel. Et Ta pluie fouette, douche, lustre les arbres, les toits, les plumages. Apaisée enfin, elle glisse.' eortîM' dès mots d'aéuf su* Tes fils télé graphiques. Une tempête de gestes, d'élans escorte le joyeux printemps. Comme il est pressé ! Il veut passer et passe, victorieux, ailé, couronné, splendide. Il est jeune et critique aisément. Tout ce qui n'est pas Jui-même lui paraît un peu gourd. Et que ne se presse-t-on davantage à le voir venir ! Les humains- sont longs à se mettre en route pour le servir. 11 piaffe, il enrage, il a l'aie de crier : « Le printemps passe, regardéz-le donc ! » Il est ivre de sa force.' La sève l'entraîne, éperdu. L'envie lui prend,de tirer la barbe des vieillards. Ah ! cette sérénité - musculaire qu'il né peut comprendré ! Ces corps paisibles, ces visages recueillis où ne vivent et flam-...