Extrait du journal

Cette préoccupation apologétique, il le reconnaît, l'a conduit à excéder dans l'é loge : « Relativement à l'écrivain qui fait le sujet de cet article et dont le nom a servi de prétexte à mes considérations critiques, je puis avouer confidentiellement que je connais les lacunes de son étonnant esprit. Bien des fois, pensant à lui, j'ai été affligé de voir que Dieu ne voulait pas être absolument généreux. Je n'ai pas menti, j'ai esquivé, j'ai dissimulé. » En tout cas, il sollicite la « voix dictatoriale » du Maître. « J'imprimerai humblement ce que. vous daignerez m'écrire... Si vous trouvez dans ces épreuves quelque chose à blâmer, sachez que je montrerai votre blâme docilement. » Peu de jours plus tard, Hugo répondait : « Vous ne vous trompez pas, écrivait-il, en prévoyant quelque dissidence entre vous et moi. Je comprends toute votre philosophie (car, comme tout poète, vous contenez un phi losophe); je fais plus que la comprendre, je l'admets; mais je garde la mienne. Je n'hi jamais dit l'art pour l'art; j'ai tou jours dit l'art pour le progrès. Au fond, c'est la même chose et votre esprit est trop pénétrant pour ne -pas le sentir. En avant! c'est le mot du progrès, c'est aussi le cri de l'art. Tout le verbe de la poésie est là. lté! ». * Et, rappelant au poète quelques pièces des Fleurs du Mal : « Que faites vous? ajoute-t-il. Vous marchez. Vous dotez le ciel de l'art d'on 11e sait quel rayon ma-' cabre. Vous créez un frisson nouveau. » Remercions M. Gustave Simon d'avoir rapproché, dans la Revue de» France, les lettres dont nous détachons ce précieux' dialogue. R. N....