Extrait du journal

l'ai expliqué, le centre pittoresque est ac cusé avec une grande puissance par les deux personnages, l'un en jaune avec une capuche verte, l'autre en rouge, qui oc cupent le milieu de la toile. Il y a dans ce morceau une hardiesse et une richesse de coloration d'autant plus remarquables que ces tons, malgré leur éclat et je dirais presque leur violence, s'unissent dans une harmonie sobre et sévère. La figure du moine, d'un beau jet, est une bonne in vention, pleine de grandeur et d'accent, et la femme en manteau vert prosternée au premier plan est exécutée avec une vo lonté et une fermeté dignes de grands éloges. On pourrait encore noter plu sieurs bonnes figures dans la foule, et je citerai tout particulièrement le bambin près du moine, qui est charmant. Toute la scène qui se détache avec fran chise sur les murs éclairés qui occupent le fond a un aspect sérieux et quelque chose de mâle, de fortement étudié, de sou tenu, qui inspire le respect. Comme dans les autres ouvrages de l'artiste, le dessin est savant et un peu rude plutôt qu'élégant, fin, distingué, et la facture puissante est empreinte d'une-certaine lourdeur. M. Moreau de Tours a exposé deux tableaux que l'on doit classer parmi les bons ouvrages du Salon. L'un porte pour, titreßlanche de Cas tille, surnommée l'A mour des pauvres. La reine, vêtue d'une robe blanche avec quelques ornemens bleus et dont une cordelière retient le bas sur une jupe de même couleur, débouta vue de face, son livre de prières à la main, tient de l'autre un collier de corail qu'elle donne à une petite mendiante qui se tient auprès de son vieux père. La scène, comme on le voit, est aussi simple que possible; mais elle a beaucoup de noblesse "et de grâce. La belle figure de la mère de saint Louis, dont l'attitude est pleine de dignité, s'enlève de la ma nière la plus heureuse sur le fond brun de la muraille. La tête, sérieuse; d'un type individuel et agréable, l'expression se reine et pourtant émue, attendrie, le mouvement empreint de bonté et de di-...