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Journal des débats politiques et littéraires, 5 septembre 1838

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Journal des débats politiques et littéraires
5 septembre 1838


Extrait du journal

Alger et les possessions françaises dans le nord de l'Afri que sont érigés en évêché. Nous donnons le texte de la bulle du Pape et l'ordonnance du Roi qui enregistre la bulle avec les réserves ordinaires. Ainsi le culte chrétien, te culte catholique va être solennellement rétabli et orga nisé sur cette terre livrée pendant si long-temps à la barbarie. C'est l'accomplissement d'un vœu public dont ies Chambres se sont rendues plus d'une fois interprètes, et l'on n'a pas oublié que, dans le cours même de la dernière session, une pétition sur cet objet, éloquemment appuyée par une membre de l'Opposition.de gauche, M. deGolbéry, fut renvoyée au ministre des cultes. Ajoutons tout de suite que la nation, au nom et par les soins de qui le culte catholique renaît sur la côte d'A frique , met d'ailleurs au nombre des droits les plus sacrés, des droits naturels et imprescriptibles, la liberté de conscience pour tous. Il ne s'agit pas, à Dieu ne plaise 1 de faire violence à la religion des indigènes ; il s'agit d'abord d'assurer l'exercice de leur culte aux Français que le commerce ou la guerre appellent dans nos possessions d'Afrique, et dont la liberté de cons cience n'est pas moins respectable sans doute que celle des Arabes ou des Maures; il s'agit de faire acte de souveraineté par la religion , et de compléter par-là notre prise de possession ; s'il s'agit enfin d'une pro pagande, c'est d'une propagande toute pacifique, dont la charité , la patience, l'exemple en un mot, se ront les instrumens. On annonce que le gouvernement a fait choix, pour remplir le siège d'Alger, de M. l'abbé Dupuch. Ce choix est excellent. Tout Bordeaux connaît et admire la sincère et profonde piété, le savoir, la douceur, l'esprit vraiment évangélique de M. l'abbé Dupuch. Le nouvel évêque aura toutes les vertus que sa position demande et qui peuvent faire honorer la France en faisant aimer la religion. Nous pensons donc que cette grande mesure qui fait de nos possessions d'Afrique un diocèse français, et d'Alger le siège d'un évêché, trouvera une sympathie générale. Il y a un an, à cette époque même, le minis tère préparait l'expédition de Constantine et donnait à nos soldats l'ordre d'effacer par une victoire le souve nir d'un échec. Force est demeurée à nos armes. La paix a consacré notre puissance. Aujourd'hui c'est notre culte que le ministère établit en Afrique , c'est notre religion, signe éclatant de notre supériorité morale. La cour de Rome s'est associée avec empressement aux vues religieuses et civilisatrices de la France. Le lan gage du souverain pontife est noble et touchant. On ne lit pas sans émotion dans la bulle ces noms de saint Cyprien, de saint Augustin, et ces noms de villes ro maines où fleurirent autrefois des évêchés, des écoles , les arts et les sciences. Il semble que déjà l'Afrique se coue sa barbarie ! N'est-ce pas une chose bien glorieuse pour le christianisme, que partout où il y a des hommes à civiliser, on reconnaisse le besoin qu'on a de lui, on l'appelle au secours? N'est-ce pas aussi une gloire pour notre civilisation moderne, que la morale et la religion y soient si étroitement jointes, et qu'un proconsul et des licteurs, appuyés par des légions, ne soient plus le seul signe par lequel, de nos jours, les peuples civilisés fassent sentir leur puissance aux peuples barbares ? Jusqu'ici on ne nous connaît en Afrique que par nos soldats et nos nêgocians. On sait que nous sommes un peuple brave et un peuple industrieux. Ce n'est pas assez si la France a vraiment à cœur de civiliser l'Afrique. Nous qui ne voulons ni réduire les populations indigènes à l'état d'esclavage, ni les exterminer ,ni être non plus avec elles dans une perpétuelle guerre, nous sommes dans la nécessité, heureuse et honorable nécessité, de les gagner peu à peu à nos lois, à nos mœurs, à notre religion. Immense et difficile ouvrage, qui en doute ? mais digne de la France. Certainement l'Afrique ne sera pas convertie demain au christianisme; rien même, en pareille matière ,-ne serait si dangereux que de vouloir...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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