Extrait du journal
instant qui! l'Opéra et tous les endroits dont s'empare le bal, léchaient dans la rue leurs danseurs épuisés, au même instant revenaient du Pavillon Marsan les héros de la fête splendide. Les uns s'en allaient à pied, dans la boue, bras dessus, bras dessous , avec leurs conquêtes de minuit, l'habit en désordre, le visage fatigué par le masque, fatiguées, mais noa pas assouvies : les autres, tout splendides encore et ro vêtus des vieux costumes d'autrefois, passaient en toute hâte pour n'être pas surpris par le jour. Quel éclat, même à cette heure. Que ces jeunes femmes sont belles et parées ! Comme la fleur est restée fraîche à leur corsage, comme le diamant est resté étincelant dans leurs cheveux ! Pendant six heures, au beau milieu du palais des Tuileries étonnées, les hôtes du prince royal ont ressuscité, de leur mieux, le monde féodal et la royauté souveraine et les princes et les courtisans de l'ancien Versailles. Ils ont porté, aussi bien qu'on les peut porter dans un rêve, les plus grands noms de la monarchie, et maintenant que leur œuvre est accomplie, ils vont en toute bête pour reprendre leur costume et leur nom de chaque jour- Pans un autre sens, les masques que vous voyez s'agiter dans la rue, ont tenté t]e renouveler l'orgie du siècle passé. Ils ont emprunté à la balle classique ses costumes, ses mœurs et son bel esprit; ils se sont demenés tant qu'ils ont pu dans celte joie que donnent le bruit, l'éclat do rire et le hasard, Vains effort de ceux ai, et vains efforts de ceux-là! Vous avez été de trop grands sei gneurs toute celle nuit, Messeigneurs ; vous avez été des forts et des dames de la Halle trop bien appris, mes pau vres diables! Dans l'or et dans la bure, la tête chargée d'une couronne ducale ou d'un sac à charbon, vous vous êtes livrés à un double mensonge. A peine sortis, vous, des Tuileries où vous avez dansé avec des princesses du sang royal, et vous, de quelque antre fumeux où vous ave? par-, (âgé les joies des dernières venues de (a terre, vous êtes retombés dans l'égalité de tontes les heures, vous êtes re devenus des bourgeois, c'est-à-dire des gardes nationaux que déjà menace le sergent-major, des électeurs qu'appelle déjà quelque futur adjoint à M. le maire, ou bien vous êtes jurés et il vous faudra venir, en plein tribunal, pour décider de la vie et de l'honneur des boinmes. Aussi quand on vient à songer à toutes les réalités qui nous entourent, et combien la vie* d'aujourd'hui est chose sérieuse pour chacun et pour tous, et qu'aprùs-dcmain peut-être le garde du commerce, qui déjà suit sa proie à la piste, ne pourra pas suffire à toutes les victimes du Mardi-Gras ,on se prend a s'étonner bien fort de celte invasion immense et toujours...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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