Extrait du journal

Je n’ai pas à me plaindre de l'entraînement automobile : personnellement j’en ai profité en 1897 et en 1898, mais j’ai toujours déploré ce système qui a faussé du tout au tout le caractère de l’épreuve, et transformé l’effort. Jadis Paris-Bordeaux, était aux routiers, à ceux qui par un travail acharné et par des qualités physiques et morales s’étalent adaptés à l’export sur la route. П fallait être coriace, vaillant à la fatigue, insensible aux effarements de la nuit ; supporter sans faiblir la pluie, le vent, le chaud,le froid ; surmonter la faim et la soif. Bordeaux-Paris derrière des tandems, des triplettes, c’était de l’athlétisme. Derrière les automobiles, ce raid prodigieux n’est plus rien. Il faut avoir avoir roulé derrière elles pour se rendre compte de l’insignifiance de l’effort. Et notez le, plus elles vont vite, moins l’homme doit donner, plus sa marche est facile. BordeauxParis était à celui qui avait la meilleure voiture, sans lutte, sans que l’adversaire ait eu possibilité, eût-il été vingt fois supérieur à son vainqueur, de mettre en œuvre ses qualités physiques ou morales. Le rêve serait Bordeaux-Paris sans entraîneurs....