Extrait du journal

— Des cordes 1 descendons dans le puits ! — On a été trop loin aussi dans la ven geance ! — Au secours ! au secours ! Ces appels, ces cris se confondaient. Marcel comprend ce qui vient de sa pas ser, fend la foule, roule autour de son corps la corde que maintient une lourde pièce de bois, et descend rapidement au fond du puits. D’une main il soulève Ge neviève ; de l’autre il se maintient au câ ble, plaçant ses pieds dans les interstices du puits et s’arc-boutant pour ne pas glis ser le long de cette corde sans nœuds; en fin il reparaît et dépose à terre son fardeau. — Allons ! une femme de cœur pour soigner cette mourante... dit Trézek. Claudette s’avança. — Frictionnez-la, dit Marcel, enveloppez-la de couvertures chaudes ; Marcotte ira chercher le médecin. On porta Geneviève sur son lit. Au bout d’un quart d’heure elle rouvrit les yeux, et ses regards se fixèrent sur Marcel. — C’est le dernier coup, dit-elle^ le der nier! Elle referma les paupières. Marcel s’approcha de son lit. — Pardon et pitié! murmura-t elle. Marcel ne répondit rien; il rejoignit son père. Le vieillard sera en silence la main de son fils. Un moment après, ils entraient dans le cimetière. Lentement ils s’avançaient, cherchant une tombe ; ils en aperçurent une plus fleurie que les autres et se la désignèrent. Eu approchant davantage, ils virent re pliée sur elle-même, et presque couchée dans les hautes herbes, une femme vêtue de deuil. De longs sanglots secouaient son corps ; elle s’abîmait dans une immense douleur... Claude et Marcel, agenouillés sur la tombe de Louis le porte-balle, n’osaient adresser la parole à Douce, cette vaillante fille qu’ils trouvaient en ce moment brisée et vaincue... Marcel étreignit nerveusement la main de Claude. La détresse de Douce le gagnait à son tour. Il se sentait le cœur gonflé de cette tristesse et de cette désolation. Qu’allait-il faire maintenant dans la vie, si la seule...