Extrait du journal
Nous cueillons dans l'Agence Bavas une curieuse information, qui montre jusqu’à quelles préoccupations ridicules les préjugés antireligieux peuvent pous ser certaines gens qui se disent et qui se croient raisonnables. L’affaire se passe Suisse, sur cette terre clas sique de la Liberté pour tous, excepté pour les socialistes... et pour les Jé suites. Oue l’opinion publique ne tolère pas la tenue d’un congrès scandaleux où l’on attaque avec violence les principes sociaux et où l’on vilipende sans merci des souverains étrangers, cela se con çoit. Cette mesure d’hygiène morale est parfaitement légitime. Mais quelle crainte peut-on conce voir à propos de la présence de quelques religieux, que disons-nous ? d’un seul religieux qui a été aperçu ici et là, remplissant publiquement, à ciel ou vert, les fonctions dee son ministère 7 Voilà pourtant ce qui met à l’envers les fortes têtes du Conseil fédéral, et les pousse à prendre des mesures d'urgen ce, comme si une révolution intérieure menaçait la Confédération, ou comme si les puissances voisines faisaient mine de violer la neutralité du territoire. On avait déjà constaté la présence d’un Père Jésuite — notez bien, d’un seul Père, — nous copions littérale ment Y Agence Bavas,—que le gouverne ment fribourgeois « avait toléré sur son territoire et qu’il avait même laissé fonctionner dans une cérémonie publi que ». Or, il existe dans la Constitution fédérale un article 51 ainsi conçu : L’ordre des Jésuites et les sociétés qui lui sont affiliées ne peuvent être reçus dans aucune partie de la Suisse, et toute action dans i’êglise et dans l’école est in terdite à leurs membres. Le gouvernement fribourgeois avait donc violé la Constitution. Profondé ment indigné de cet acte, ou plutôt de cette négligence criminelle, le Conseil fédéral adressa une lettre de blâme aux délinquants, qui durent se soumettre et s’exécuter, en d’autres termes prier le Jésuite de s’éloigner, nous allions dire forcer la bête noire à déguerpir, La chose en était là, et les membres du Conseil fédéral, heureux et fiers d’avoir préservé la jzalrie helvétique d’un terrible danger, commençaient à respirer librement lorsqu’un bruit des plus alarmants se répandit sourdement dans la Suisse. On se disait tout tout bas à l’oreille qu’un membre de la congrégation prohi bée avait été vu dans un autre canton. Le péril renaissait plus meuaçaut que jamais, et l’hydre jésuitique poussait de nouvelles têtes. A vrai dire, on n’était pas bien sûr que ce fût une nouvelle tête; peut-être la même religieux chassé de Fribourg avait eu l’audace de se retirer à Mon treux (canton de Vaud) et d’y exercer à la face du soleil des fonctions ecclé siastiques. Ces Jésuites sont capables de tout, même de s’obstiner dans le bien et de faire acte de courage. La ques...
À propos
Fondé en 1815, le Journal des villes et des campagnes était une feuille légitimiste et ultramondaine cherchant à satisfaire à la fois une audience urbaine et rurale. Le Journal paraît jusqu’en 1895.
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