Extrait du journal
Nous avons annoncé que M. de Lamartine allai* se trouver forcé de vendre ses biens. Dès qne êette nouvelle a été connue à Mâcon et aux environs, un comité composé d’un grand nombre de personnes honorables a rédigé une adresse à M. de Lamartine pour l’engager à permettre qu’une loterie fût orga nisée par eux, et que, par ce moyen, un prix plus convenable tût obtenu de la vente de ses biens. Cette adresse est couverte de 436 signatures. Voici la réponse de M. de Lamartine à ses com patriotes : « Messieurs et chers compatriotes, « J’ai toujours apprécié comme le premier des biens l’amitié privée; vous me révélez la douceur de l’amitié publique. Comment serais-je offensé ou humilié par la plus touchante preuve d’intérêt que toute une contrée ait jamais donnée à un de ses concitoyens ? « Il est vrai que mes charges pourraient dépasser mes forces ; « Il est vrai que les efforts de tout genre tentés par moi, depuis neuf ans, pour supporter ou pour amortir ces charges, quoique secondés par la bienveillance de mes lecteurs, n’ont pas été jusqu’ici suffisamment se condés par le nombre; je continuerai sans décourage ment ces efforts, et je redoublerai de travail en pensant à ceux qui en vivent ; k II est vrai que je suis condamné à me dépouiller avec déchirement de cœur de mes biens les plus chers, pour en remettre loyalement le prix à ceux qui ont eu confiance en moi ; « Il est vrai que la vente instantanée et en masse de propriétés aussi agglomérées est difficile; * Il est vrai que ces valeurs réduites par le défaut de concurrence parmi les acheteurs pourrait, sinon trom per, du moins ajourner ma liquidation ; « Enfin, il est vrai qu’un des modes de venle présentés par vous serait le plus propre à assurer une liquidation prompte, facile et sûre. « Ce serait donc un devoir pour moi de l’accepter, s’il était compatible avec la lettre de la loi. « Je ne l’accepterais pas seulement pour la conve nance de mes créanciers, mais pour l’honneur du senti ment de ma ville natale et ne la contrée où j’ai eu le bonheur de naître. C’est la première fois qu’on aura vu l’élite d’une population nombreuse et unanime faire, pour ainsi dire, sa propre affaire des affaires d’un de ses compatriotes. « Je regretterai sans doute ces excellents cultivateurs de mes terres, tous, amis, compagnons, collaborateurs, contemporains de ma vie, qui firent partie de la maison paternelle, et au milieu desquels il m’était si doux de vivre et de mourir. Mais le devoir l’impose, il faut obéir. « Faites donc, chers concitoyens, ce que votre obli geante pensée vous inspirera de mieux. Je ratifie tout, soyez mon conseil de famille ! Vous trouverez dans mon âme et dans la vôire la récompense de vos bons offices. Mes domaines seront désormais dans vos cœurs. Au lieu de léguer des biens périssables à mes descendants, je leur léguerai votre souvenir, et ces neveux, en lisant vos noms aux vôtres, diront avec orgueil et reconnaissance ; Voilà ce que Mâcon fit pour Lamartine. « Recevez, chers concitoyens et amis, l’expression d’une reconnaissance qui vivra autant que moi, et qui, après moi, deviendra, dans ma famille, éternelle. « Lamartine. « Au château do Montceau, 16 février 1858. »...
À propos
Fondé en 1815, le Journal des villes et des campagnes était une feuille légitimiste et ultramondaine cherchant à satisfaire à la fois une audience urbaine et rurale. Le Journal paraît jusqu’en 1895.
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