Extrait du journal

Lundi se sont ouverts les débits du procès du maréchal Bazaine. Que de souvenirs, que d’émotions n’éveille pas ce procès ! A quel douloureux instant de notre histoire sons nous trouvons ainsi reportés 1 Quelle redoutable question est posée aux juges du conseil de guerre î C’est l’honneur, la vie peut-être d’un maréchal de France qvi sont en jeu. Le premier devoir de la presse en un semblable moment, c’est le respect de la justice. Nous n’avons même pas voulu rappeler les faits de l’accusa tion, afin qu’ils ne se présentent, en quelque sorte, qu’au cours du procès, judiciairement établis, disculpa et con trôlés. C'est avec le même sentiment que nous suivrons les débats, atten tif^ à en comprendre les leçons, mais ré solus à mettre avec impartialité chacun à même de se former un igugement sûr et juste. Ne l’oublions pas, d’ailleurs ; il ne s’agit pas seulement, ici, de décider de la culpabilité ou de l'innocence d’un général, si grave et si dramatique que soit cette question ; il s’agit aussi de re cueillir tous les eu saignements que les ré vélations probables de ce procès apporte rou1 sur les gouvernements passés et sur tout sur l’état moral de notre armée et de notre pays. Puissions-nous tous y chercher plus encore ces virils enseignements que la satisfaction de nos indignations même les plus légitimes t C’est ainsi seulement que ce retour douloureux vers un passé de deuil et de sang pourra nous être vrai ment profitable....