Extrait du journal

Feuilleton. MANUFACTURE DE GENTILSHOMMES. Un monsieur, un fort bel homme, se dit un jour: La boussole est Inventée, les paratonnerres aussi, le café à la crème aussi ! qu’inventer ? si je n'invente rien , je m’abandonne au suicide, que je n’ai pas même inventé. Voyons, se dit-il, avant de se tuer, s’il n’v aurait pas moyen d’exploiter la science : j’enseignerai le grec en huit leçons, qu’on sera libre de ne pas prendre ; c’est déjà fait ; l'inventeur a réussi, il est mort de faim. Exploitons la vanité. Je créerai une pommade qui rendra aux femmes, dans l’espace de vingt-quatre heu res , leurs dents absentes, leur teint de dix-huit ans et leurs cheveux ; ma fortune est faite sans doute, mais la pommade ne l’est pas. Ainsi murmurait-il en se rendant vers la Seine : Je suis pris entre l'impossible, qui a été atteint, et l’impos sible , que je n’atteindrai jamais. Qu’y a-t-il donc à inventer, qu’y a-t-il pour avoir, non pas des rentes, des châteaux, des voitures; mais le toit, la table et l’omnibus à discrétion? Aucun écho ne lui répondait ; il entendait seulement crier près de lui : Allumettes chimiques allemandes. Si je les avais inventées ! et n’y avoir pas songé ! On...