Extrait du journal

non que le froid fût précisément intense, mais une brume épaisse et froide pèse sur ces tristes parages du rant la bonne moitié du temps d’été, et presque conti nuellement pendant l’hiver, qui est trop long et trèsrigoureux. Aussi rencontre-t-nn en plein mois d’août de la neige dans les crevasses des rochers, et sur la mer d’énormes bancs de glaces flottants qui s’élève à cin quante ou soixante pieds au dessus du niveau de l’eau, et qui cachent dans ia mer une épaisseur de glace quel quefois plus considérable encore. En outre, les vents soufflant avec beaucoup de violence; aussi pas la moin dre culture, pas un légume, pas le plus chétif arbuste. Comment donc se garantir de la rigueur de l’hiver? « Les pauvres planteurs sVn vont, lorsque la neige recouvre la terre, à une distance de cinq ou six lieues dans l’intérieur du pays, déterrer, au tond d’une vallée profonde, quelques arbres rabougris qui, se trouvant abrités contre le vent, atteignent rarement une hauteur de 10 à 12 pieds. Ce sont les chiens qui traînent sur la neige les provisions de bois pour toute l’année. Chaque habitant entretient dix ou douze chiens esquimaux ; ce sont ses coursiers, les seuls qu’il puisse posséder dans ce pays. « Ils vivent en parasites durant les trois quarts de l’année, se nourrissant des débris de veaux marins que l’on prend en grand nombre sur la côte et dont l'huile est fort recherchée. Pendant l’hiver, le planteur attelle six ou huit de ses chiens à un petit traîneau où il se place; le fouet claque, l’attelage part avec la rapidité de la flèche, et vingt lieues sont franchies sans la moindre difficulté dans l’espace de six heures. Voici l’ingénieux expédient auquel on a recours pour accélérer la vin sse de ces chiens. La veille du départ on leur impose un jfûne rigoureux, car s’il est vrai que ventre affamé n'a pas d'oreilles, il est plus vrai encore que pour le chien...