Extrait du journal

CHRONIQUE Le Temps de mardi soir a annoncé qu’il venait de recevoir une nouvelle importante, et, en effet, cette nouvelle qu’il s’empresse de livrer à tous les commentaires, c’est que le cabinet, qui n’a cessé de témoigner, jusqu’à présent, de sa ferme résolution de se tenir en dehors de tous les efforts qui se font dans un sens ou dans l’autre pour constituer le gouvernement de la France, se départirait tout à coup de cette réserve et du mandat qui lui a été confié par la majorité de l’Assemblée pour réorganiser l’administration du pays. Le Temps sait, de plus, quel est la parti auquel le cabi net s’est arrêté, et il trace tout son pro gramme. Il faut convenir que le gouver nement aurait bien mal placé sa con fiance, s’il s'était adressé à un journal qui ne se pique pas d’être de ses amis pour lui faire de semblables confidences. Au risque d’être sur ce sujet moins bien informés que le Temps, nous nous en tiendrons aux dé clarations que le gouvernement a faites, soit dans le Message du Président, soit dans les discours de M. de Broglie, et nous persistons à croire qu’il n’ira pas gratuitement faire le plaisir aux adver saires de la majorité de soulever inoppor tunément des questions qu’il appartient à l’Assemblée seule de résoudre à son heure, et si elle le juge convenable. —Quelques journaux ont attaché une im portance plus grande qu’il ne convenait à un fait .d’ailleurs extrêmement regrettable qui vient de se produire à Lunéville. On a parlé de réclamations formulées à cet égard par le gouvernement allemand. Nous croyons qu’aucune réclamation de ce genre ne s’est produite. Trois jeunes Allemand» sont venus dimanche dernier à Lunéville dans un but de promenade. L’un d’eux avait cru pouvoir conserver ostensiblement les insignes des fonctions qu’il rempht dans son pays. On a vu dans ce petit fait une pensée de provocation et la foule a fait su bir aux jeunes gens de mauvais traitements. On comprend jusqu’à un certain point l’irritation que peut faire ressentir à nos compatriotes de l’Est la vue d’un uniforme étranger, au lendemain de l’évacuation, et les souvenirs douloureux que cet uni forme rappelle, mais on ne saurait admet tre que cette irritation se traduise par des actes de violence. Les trois principaux coupables ont été arrêtés et vont être tra duits devant le tribunal correctionnel. On ne peut que féliciter le gouvernement de l’attitude énergique qu’il a prise en cette circonstance, mais, nous le répétons, on aurait tort de prêter à cet incident des...