Extrait du journal

M. Floquet ne s’est pas encore décidé à réunir ses partisans dans les catacombes, comme nous le lui avons conseillé l’autre jour, quand il se plaignait d’être sifflé et conspué partout où il se montrait ; mais il prend le parti de les convoquer au Cirque d’hiver aujourd’hui à neuf heures du ma tin, c’est-à-dire au moment où il espère qu'il n’y aura encore aucun flâneur dans les rues pour le reconnaître et le huer. Nous souhaitons de grand cœur que son calcul se trouve juste et qu’il puisse parler en toute liberté tout le temps qu’il voudra. Rien ne peut être plus favorable à la cause conservatrice que l’éloge de la République présenté par M. Floquet. Mais nous crai gnons pour nous qu'il ait mal cal culé. Ses partisans, autrefois, étaient sur tout les révolutionnaires purs qui, cou chant sous les ponts ou dans les carrières d’Amérique, sont sur pied de bon matin. Aujourd’hui qu’il a été ministre, ses der niers fidèles ne peuvent guère se trouver que dans la petite bourgeoisie parisienne, qui couche dans de vrais lits, y reste le plus tard quelle peut et est fort affairée le matin. Si les habitués des ponts et des carrières s’avisent de venir à ce rendezvous qu’on ne leur a pas donné, ils s’y trouveront seuls, et l'ancien ministre de l’intérieur aura plus que jamais à fuirai ner contre les « polissons » et les « co quins » qui refusent aujourd'hui de s’eni vrer de son éloquence....