Extrait du journal

LA PASSION. Ode imitée de Manxoni. O vous qu’effraie encor la vengeance céleste, Venez, le front pensifet chargé de douleurs, Comme des malheureux dont un destin funeste Tout à coup brise l’aine et fait couler les pleurs. Du temple du Seigneur pour aborder l’enceinte, N’attendons pas les sons de l’airain solennel; L’Eglise les proscrit en sa tristesse sainte : Tel qu’une épouse en deuil pleurant sa joie éteinte, De ses noirs ornemens s’est revêtu l’autel. Partout cessent les chants et le grand sacrifice Où le sacré ministre enfante chaque jour, Par de mystiques mots, sous un voile propice, Une vivante hostie et de paix et d’amour. Que dis-je? tout se tait? non, sous la voûte antique L’écho prolonge au loin de douloureux accens : Du profond fils d’Amos c’est la voix prophétique : Une terreur divine Inspire son cantique, Sa harpe leproduit le trouble de ses sens. De qui donc, en ce jour, redis-tu le mystère, Prophète de Juda? Dis, quel est ce mortel, Qui, semblable au bourgeon né d’une aride terre, Surgira tout à coup par devant l’Eternel ? Quel est ce malheureux qui, dévorant l’outrage,...